Écho de presse

The Jazz Singer, premier film « sonore et parlant »

le 16/10/2019 par Marina Bellot
le 04/10/2017 par Marina Bellot - modifié le 16/10/2019
Couverture de Cinéa montrant Al Jolson, rôle principal blanc grimé en noir dans « The Jazz Singer » ; source BnF Gallica

Le 6 octobre 1927, les Américains découvrent le premier film « sonore et parlant » de l'histoire. C'est un triomphe, qui ouvre la voie à une complète transformation de l'industrie cinématographique.

Le 6 octobre 1927, les Américains n'en croient pas leurs oreilles : pour la première fois, un acteur se met à parler à l'écran. Il s'agit du jazzman Al Jolson, grimé de noir pour interpréter un chanteur  afro-américain. Il ne prononcera, au total, que 281 mots, mais The jazz Singer est une révolution.

En France, Le Journal s'enthousiasme :

« On a difficilement idée en France, en l'état actuel des choses, de la vogue immense que rencontre le film parlant et sonore aux États-Unis. Le Chanteur de jazz — The Jazz Singer — est la production qui a mérité de provoquer cette vogue par l'excellence de sa réalisation.

La vedette, Al Jolson, possède exactement la voix et le jeu qui conviennent le mieux à la reproduction synchrone des sons et des images. Lorsqu'il sera donné aux Parisiens d'entendre et de voir à la fois ce merveilleux artiste, ils auront, à proprement parler, une révélation. »

En France, en février 1929, tout Paris se presse à l'Aubert-Palace pour, enfin, aller voir (et écouter) Al Jolson — c'est un triomphe.

Des réclames fleurissent dans tous les grands journaux français : « Personne ne vous contredira si vous affirmez que Le chanteur de jazz est une pure merveille. C'est le seul véritable grand film parlant » ; « On refuse du monde à chaque séance ».

Sur le plan technique, le film n'est encore qu'une combinaison du cinéma et du phonographe : le Vitaphone, un système mis au point par les frères Warner, permet de synchroniser la bobine de film avec un disque.

Le Figaro explique :

« Le film en soi était analogue aux anciens films "muets", car les sons étaient enregistrés séparément sur des disques qui, pour avoir une durée égale à celle du déroulement d'une bobine de film, étaient de diamètre beaucoup plus grand (45 cm) que les disques usuels.

De plus, alors qu'un disque de phonographe ordinaire tourne à 78 tours par minute, ces "disques de cinéma" tournaient à 33 tours 1/3. Les inconvénients du système étaient multiples : synchronisme des sons et des images très relatif et dépendant de l'habileté, de l'opérateur de projection ; disques très lourds et fragiles compliquant l'exploitation et la manutention des films ; impossibilité d'une inscription des fréquences sonores élevées, qui caractérisent les timbres des instruments et des voix, en raison de la faible vitesse de rotation des disques ; enfin, "bruit d'aiguille" considérable.

Aussi au "son sur disque" préféra-t-on rapidement le "son sur film" employé aujourd'hui exclusivement. »

Une décennie plus tard, Paris-Soir rappelle que nul ne croyait alors au cinéma parlant. 

« Ce fut cette victoire qui détermina la transformation de l'industrie cinématographique. »