Écho de presse

1927 : un "nouveau Landru"

le 25/05/2018 par Marina Bellot
le 08/03/2017 par Marina Bellot - modifié le 25/05/2018
Le Petit Journal du 31/03/1927 - Source : BnF RetroNews

En mars 1927, un homme est arrêté pour avoir tué sa femme et brûlé son cadavre. La machine médiatique s’emballe et évoque un "nouveau Landru".

"Landru aurait-il fait école ?" C’est par ces mots que Le Petit Journal ouvre son article [Voir l'archive] sur un "Don Juan assassin" qui vient d'être arrêté. Une formule avec laquelle le quotidien est certain de faire mouche, tant Landru, accusé de dix meurtres de femmes et d'un meurtre d'enfant, fut médiatisé lors de son procès en 1921 [Voir l'archive].

Cette fois, les faits sont certes moins spectaculaires, mais qu'importe : "un jeune chauffeur mécanicien, nommé Jean Vermande, âgé de 28 ans a étranglé sa femme, Joséphine-Angèle Schibi, âgée de 21 ans, puis a brûlé le cadavre de sa victime", rapporte Le Journal [Voir l'archive] qui livre en détails les premiers résultats de l'enquête du parquet de Nancy :

"Il inspirait confiance ; ses patrons lui avaient loué un modeste appartement dans une des dépendances de l'établissement. Depuis six ans, il n'avait donné que des motifs de satisfaction. Or, la semaine dernière, Jean Vermande annonça subitement qu'un emploi de facteur en Indochine lui était offert et qu'il se rendait à Paris en attendant un paquebot pour rejoindre son poste. Cette résolution sembla étrange. On avait constaté, quelques jours auparavant, la disparition de Mme Joséphine Vermande. L'époux n'avait guère manifesté de chagrin ; il avait continué, au contraire, ses relations galantes avec certaines ouvrières des Imprimeries réunies. L'une d'elles, devait même l'accompagner dans son voyage.

Quelques jours après, un ouvrier des imprimeries s'étonna de voir qu'en dépit d'une température très supportable le calorifère du chauffage central était allumé et que Vermande en entretenait le feu avec soin.
Pendant quatre jours et quatre nuits consécutifs, le calorifère brûla ainsi.
[...]

Toutefois, on était loin de soupçonner la terrible vérité, quand, hier matin, le chauffeur Monnet découvrait, parmi les cendres du calorifère, certains débris suspects : fragments d'os, épingles, agrafes, boucles de jarretière, œillets et baleines métalliques de corset, etc."

"Les aveux du nouveau Landru" annonce Le Rappel en première page [Voir l'archive] quelques jours plus tard, retranscrivant les mots du jeune homme :

"Dans la journée du dimanche 13 du courant, vers 16 heures, nous eûmes une nouvelle discussion, comme il y en avait fréquemment entre nous, au cours de laquelle elle m'avoua qu'elle me trompait, ajoutant qu'elle me quitterait bientôt. Furieux, je pris ma femme à la gorge et lorsque je la lâchai quelques minutes après, elle tomba morte. Affolé, je perdis la tête et errai pendant quelques instants dans les couloirs de l'immeuble. Je retournai ensuite à mon atelier où la scène s'était déroulée. Je pris le cadavre et le jetai dans le calorifère que j'avais allumé la veille pour faire sécher des travaux de maçonnerie."

Ce ne sera ni la première ni la dernière fois que les journaux crient au "nouveau Landru" : un tueur agissant en Pologne [Voir l'archive] est ainsi baptisé en 1927, un autre frappe à Marseille [Voir l'archive] en 1928, un troisième [Voir l'archive] est arrêté à Hambourg dix ans plus tard...