Écho de presse

Alexandre Dumas, magnat de la presse

le 17/09/2019 par Marina Bellot
le 12/05/2016 par Marina Bellot - modifié le 17/09/2019
Alexandre Dumas, Atelier Nadar, 1855 - Source : BnF

Parmi les multiples visages d’Alexandre Dumas, celui du romancier, auteur des célèbres Trois Mousquetaires, est familier à tous. Mais qui connaît Alexandre Dumas patron de presse ?

Qui ne connaît les Trois Mousquetaires ou le Comte de Monte-Cristo ? Alexandre Dumas est sans doute l'un des auteurs français les plus célèbres, et pas seulement dans l'Hexagone. De lui, on disait "sa statue serait d'or massif si tous ses lecteurs s'étaient cotisés d'un centime".

Les feuilletons qu’il a publiés pendant plusieurs années dans les journaux ont contribué à populariser son œuvre dans l’Europe entière, le faisant entrer dans le cercle des romanciers-journalistes les plus lus, avec Honoré de Balzac, George Sand ou encore Eugène Sue.

La Presse publie en 1836 son premier feuilleton-roman, La Comtesse de Salisbury, une épopée guerrière dans lequel s'exprime déjà le souffle des futurs grands romans d'aventure de Dumas.

Les lecteurs sont friands de ces lectures distrayantes, qui s'affichent au "rez de chaussée" des journaux, c'est-à-dire sur une colonne horizontale en bas de page.

Avec l'essor du genre, la perspective s'inverse : il ne s’agit plus de découper au mieux un roman, mais d’écrire des romans dont on sait à l'avance qu’ils sont destinés à paraître en plusieurs épisodes.

C'est dans cet esprit que Dumas écrit Les Trois Mousquetaires, publié dans le journal Le Siècle de mars à juillet 1844.

Les feuilletons d'Alexandre Dumas connaissent un grand succès, comme l'écrit Le Rappel en 1871 :

"Il a tenu éveillée, pendant quarante ans, par ses récits vifs, faciles, attachants, magiques, l'attention de ce sultan blasé, le public. Pendant près d'un demi siècle, il a suspendu aux caprices de son invention les heures inoccupées de Paris. Il a été le passe-temps intarissable du loisir français."

Mais Alexandre Dumas ne s’est pas contenté de faire publier ses écrits dans les journaux des autres. Lui-même a pris part au début de l'âge d'or de la presse du XIXe siècle, d'abord en fondant le journal politique La France Nouvelle en 1848 puis la feuille littéraire et culturelle Le Mousquetaire en 1853. Comment et pourquoi l'idée lui vint d'avoir un journal à lui, se demande Le Figaro en 1858 :

"C'est ce que nous ne pouvons expliquer qu'à moitié. Le désir d'être désagréable à Jules Janin (écrivain et critique influent de l'époque, ndlr) ne pouvait être le seul mobile du grand homme. La satisfaction d'assouvir de vieilles rancunes, le besoin de se rajeunir par une publicité militante, l'espoir de peser sur les directeurs de théâtre dont l'enthousiasme à son endroit lui paraissait très refroidi, telles sont, croyons-nous, les premières raisons qui se présentèrent à l'esprit du gigantesque Dumas. Hâtons-nous d'ajouter qu'il espérait aussi et surtout gagner beaucoup d'argent avec un journal qui devait chaque jour le servir tout nu au public — mon Dieu, oui, tout nu et sans cresson."

Dumas crée aussi pendant ses années en Italie le journal d'information L'Indipendante en 1860, qu'il dirige trois ans et qui continuera à paraître à son retour en France.