Écho de presse

Février 1848 : Lamartine proclame la Deuxième République

le 16/12/2022 par Marina Bellot
le 23/02/2018 par Marina Bellot - modifié le 16/12/2022
Plantation et bénédiction de l'arbre de la Liberté sur la place de l'Hôtel-de-Ville, 1848 - Source : Gallica BnF

Après trois jours d'insurrection et l'abdication du roi Louis-Philippe, la Deuxième République est solennellement proclamée par Lamartine devant le peuple de Paris rassemblé à l'Hôtel de Ville.

Voir notre article précédent sur les événements de la révolution de février 1848

Après trois jours d’insurrection, Louis-Philippe, acculé par les Républicains, privé de gouvernement, abdique au profit de son petit-fils, le comte de Paris, âgé de neuf ans. La monarchie de Juillet est morte et presque déjà enterrée. 

Face aux insurgés qui envahissent le palais Bourbon, la Chambre des députés est d'abord prête à accepter la régence du comte de Paris. Mais, sous la pression, elle décide de confier le pouvoir à un gouvernement provisoire.
 
Dans la soirée du 24 février, l'Hôtel de Ville est rallié en hâte par plusieurs députés républicains dont Lamartine, Ledru-Rollin, et Arago. Quatre autres figures s’imposent : Alexandre Martin (dit Albert), mécanicien et seul ouvrier du gouvernement, le socialiste Louis Blanc, et les directeurs de deux grands journaux républicains, Armand Marrast du National et Ferdinand Flocon de La Réforme. La liste des membres du gouvernement provisoire de la République est établie le soir même.

Et Lamartine, acclamé par le peuple de Paris rassemblé place de l’Hôtel-de-Ville, peut d’ores et déjà le proclamer :

« Le gouvernement actuel de la France est le gouvernement républicain ! ».

« Ce drapeau rouge, qu’on a pu élever quelquefois quand le sang coulait comme un épouvantail contre des ennemis, qu’on doit abattre aussitôt après le combat en signification de réconciliation et de paix. J’aimerais mieux le drapeau noir qu’on fait flotter quelquefois dans une ville assiégée, comme un linceul, pour désigner à la bombe les édifices neutres consacrés à l’humanité et dont le boulet et la bombe mêmes des ennemis doivent s’écarter. Voulez-vous donc que le drapeau de votre République soit plus menaçant et plus sinistre que celui d’une ville bombardée ?

Citoyens, vous pouvez faire violence au gouvernement, vous pouvez lui commander de changer le drapeau de la nation et le nom de la France. [...] Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang, et vous devez le répudier plus que moi, car le drapeau rouge que vous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ! »

La Deuxième République est née. 

Le lendemain, 25 février, dans la soirée, le gouvernement provisoire s'adresse ainsi au peuple parisien, dans une proclamation officielle : 

« Aux citoyens de Paris. Citoyens de Paris, l'émotion qui agite Paris compromettrait, non la victoire, mais la prospérité du peuple. Elle retarderait le bénéfice des conquêtes qu’il a faites dans ces deux immortelles journées. Cette émotion se calmera dans peu de temps, car elle n'a plus de cause réelle dans les faits. [...]

Encore deux jours, et la paix publique sera complètement rétablie ! encore deux jours, et la liberté sera inébranlablement assise ! encore deux jours, et le peuple aura son Gouvernement. »

L’une des premières mesures de la Deuxième République est symboliquement forte : l’abolition de la peine de mort en matière politique. C’est aussi le régime qui applique pour la première fois le suffrage universel masculin en France et abolit définitivement l’esclavage dans les colonies françaises. Surtout, le droit au travail, leitmotiv des révolutionnaires, s'impose comme enjeu primordial des débats de la nouvelle République (lire notre article sur la révolution de 1848 et le « droit au travail »).

L'enthousiasme sera de courte durée. La crise économique et sociale qui avait amené la révolution de février 1848 persiste. En juin, le peuple parisien descend de nouveau dans la rue. Son mécontentement est à la hauteur de sa déception : du 23 au 26 juin, les combats feront 4000 morts parmi les insurgés et 1600 parmi les forces de l'ordre (lire notre article sur les journées sanglantes de juin 1848).

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