Écho de presse

La révolution turque de 1908

le 29/05/2018 par Pierre Ancery
le 25/07/2016 par Pierre Ancery - modifié le 29/05/2018
Abdul Hamid II encore prince ; 1867 - Source https://upload.wikimedia.org

En juillet 1908, le mouvement des Jeunes-Turcs se révolte contre le sultan Abdul-Hamid II, qui sera déposé l'année suivante.

Le 28 juillet 1908, l'envoyé spécial à Constantinople du Rappel écrit ces lignes :

 

"La ville est pavoisée à l'occasion de la promulgation de la Constitution. L'enthousiasme est général ; quelques cris de : « Vive l'armée ! » ont été poussés. On s'arrache les éditions des journaux annonçant la nouvelle. Dans l'après-midi, des groupes composés de toutes les classes de la population, musulmans ou chrétiens, sont allés, précédés de drapeaux et de musiques, à la Sublime Porte et ont présenté des adresses exprimant leur reconnaissance envers le sultan et donnant l'assurance que tant que les ministres travailleront pour le bien public, ils auront l'appui du peuple."

 

Ce que le peuple de Constantinople fête ainsi, c'est la révolution du 24 juillet menée par les Jeunes-Turcs, un groupe de jeunes officiers de Salonique et de Macédoine qui se sont rebellés contre le sultan Abdul-Hamid II. Les Jeunes-Turcs lui reprochaient notamment d'avoir supprimé la Constitution ottomane de 1876 et de livrer l'empire ottoman aux appétits étrangers, en particulier britanniques et allemands.

 

Lorsque la rébellion éclate, le sultan essaye bien de contenir le mouvement, mais les troupes impériales fraternisent avec les insurgés. Cédant aux exigences de ces derniers, il rétablit la Constitution. Mais cela ne suffira pas aux Jeunes-Turcs, qui déposent le sultan le 27 avril 1909 et le remplacent par son frère Mohamed V, placé sous la surveillance d'un comité contrôlé par le jeune Enver Pacha. « Abdul-Hamid est déchu », titre ainsi Le Petit Journal du 28 avril, qui dresse un portrait peu flatteur de l'ex-souverain :

 

"La fin de règne d'Abdul-Hamid a été lamentable, comme toute sa vie, constamment dominée par la peur, cette mauvaise conseillère. Celui qu'on appelait du sinistre nom de « Sultan Rouge » était monté en usurpateur sur le trône ; il s'y est cramponné, et, pour ne pas en descendre, il aurait volontiers sacrifié tous ses sujets."  

 

La devise du nouveau pouvoir, empruntée à la France (« Liberté, égalité, fraternité »), laissait espérer un avenir meilleur. Les premières années voient l'instauration de plusieurs avancées sociales. Mais la défaite des Jeunes-Turcs dans les deux guerres balkaniques (1912 et 1913), ainsi que leur engagement aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie pendant la Première Guerre mondiale, coûtera cher à un empire en pleine obsolescence. L'idéologie panturquiste qui devient peu à peu dominante au sein du parti mènera quant à elle en 1915 au génocide des Arméniens, au cours duquel 1,2 millions de personnes trouveront la mort.