Écho de presse

L'affaire Peytel : une erreur judiciaire ?

le 04/06/2018 par Pierre Ancery
le 18/03/2016 par Pierre Ancery - modifié le 04/06/2018
Drames judiciaires. Scènes correctionnelles. Causes célèbres de tous les peuples. Première série ; Ch. Dupressoir. (Paris) ; 1849 - Source BnF

En 1838, Sébastien-Benoît Peytel, notaire et journaliste politique, est accusé du meurtre de sa femme et de leur domestique. Lamartine et surtout Balzac essaieront de l'innocenter.

Dans la soirée du 1er novembre 1838, une voiture en provenance de Mâcon roule sur la route départementale qui va d'Ambérieu à Belley, dans l'Ain. À son bord, trois personnes : Sébastien-Benoît Peytel, notaire à Belley, sa femme Félicie, et leur domestique Louis Rey.

Les deux derniers ne passeront pas la nuit. Plus tard dans la soirée, Peytel réveille en sursaut le maréchal-ferrand de Belley et lui explique que le domestique a tiré au pistolet sur sa femme, avant de tenter de s'enfuir. Le notaire l'aurait poursuivi et assommé à coups de marteau. Le corps de Félicie Peytel est aussitôt emmené chez le médecin, qui constate son décès. Quant au domestique, il est retrouvé mort sur la route. On arrête Peytel, suspecté de double meurtre.

L'affaire, qui dure presque un an, fait grand bruit. Peytel n'était pas seulement notaire, il étai aussi actionnaire du journal Le Voleur et avait écrit des articles politiques dans Le Siècle sous le pseudonyme de « Louis Benoît, jardinier ». L'un d'eux, intitulé « La physiologie de la poire », était une critique à peine voilée du roi.

Peytel fréquentait donc les cercles journalistiques : c'est à ce titre que Lamartine l'a connu. Il prend sa défense. Balzac, lui aussi, se passionne pour l'affaire et défend farouchement la thèse de l'erreur judiciaire. En vain : Peytel est condamné un mort le 30 août 1839. Balzac va le voir en cellule, se rend sur les lieux du crime, puis, dans un dernier effort, écrit dans un long article paru dans Le Siècle du 27 au 29 septembre un plaidoyer en faveur de l'accusé, qu'il estime avoir été, pendant son procès, victime de préjugés et de calomnies :

« Peytel était pour Belley un étranger, un Parisien, il y a soulevé des animosités violentes ; le fond de son procès se trouve là. »

L'intervention de Balzac sera sans effet. Un mois plus tard, le 28 octobre, Peytel est guillotiné sur le champ de foire de Bourg-en-Bresse. Un article paru dans Le Siècle du 1er novembre relatera ses derniers moments. La lumière ne se fera jamais tout à fait sur cette affaire, même s'il semble que l'erreur judiciaire ait été réelle.