Écho de presse

Le Corbusier, acclamé et controversé

le 29/05/2018 par Pierre Ancery
le 18/07/2016 par Pierre Ancery - modifié le 29/05/2018

Le célèbre architecte, qui vient d'être couronné par l'Unesco, ne s'est pas fait que des amis au cours de sa longue carrière.

Ce ne sont pas moins de 17 réalisations de l'architecte franco-suisse qui ont été inscrites, ce dimanche 17 juillet, au patrimoine mondial de l'Unesco. Resté célèbre pour son projet générique de « Ville radieuse », il le définissait ainsi dans les colonnes du Petit Journal du 9 juin 1937, qui l'interrogeait sur la nécessité d'abattre « les taudis de Paris » :

 

"La révolution, cela ne consiste pas, à mon avis, à se casser la figure, mais à édifier la Cité future. La révolution doit être constructive, et non destructive. J'affirme que demain, à partir du mois de juin 1937, on peut, on doit construire dans Paris, et non pas hors Paris, des immeubles capables de fournir à là population ce que j'appelle les « joies essentielles », c'est-à-dire le soleil, l'espace et les arbres. J'appelle cette cité future la « Ville Radieuse »."

 

Malgré la reconnaissance posthume dont il jouit aujourd'hui, la carrière de Le Corbusier (1887-1965) a été émaillée de multiples controverses. On retrouve la trace de certaines dans la presse. En 1931, par exemple, L'Action française le traite d' « homme dangereux », de « Haussmann élevé à la puissance dix », « prêt à sacrifier les trois quarts du vieux Paris ».

 

Trop avant-gardiste, Le Corbusier ? Pour certains, au contraire, il était trop conservateur... Ainsi L'Humanité du 20 janvier 1924, sous la plume du critique d'art anarchiste Jacques Mesnil, s'en prend-elle violemment aux idées de l'architecte sur la Cité future, l'accusant de conservatisme et d'allégeance aux pouvoirs de l'argent :

 

"M. Le Corbusier lance cette idée saugrenue que l'on pourrait faire l'économie d'une Révolution en procurant au travailleur d'aujourd'hui un logement aussi perfectionné que les machines qu'il fabrique, ce qui lui permettrait « de poursuivre dans le repos le même chemin spirituel qu'il parcourt dans son travail, de poursuivre dans le repos le développement organique de son existence, lequel est de créer une famille et de vivre, comme tous les animaux de la terre et comme tous les hommes de tous les temps en famille organisée ». Ici se révèle clairement en M. Le Corbusier le petit bourgeois qui étend sa conception de la famille non seulement à toute l'humanité passée et à venir, mais à la nature entière."

 

L'attitude politique de Le Corbusier, il est vrai, fut loin d'être exemplaire. Dès les années 20, il milita au Faisceau, le premier parti fasciste français. Pendant la guerre, il s'installera à Vichy pour tenter, en vain, de vendre ses idées au régime. Soutenu après-guerre par Eugène Claudius-Petit et André Malraux, il échappera à l'épuration et multipliera les commandes.