Écho de presse

Le doux M. Guillotin et sa machine

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 22/04/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
Le docteur Guillotin en 1785, estampe de Prevost - Source : BnF

Le 25 avril 1792, la guillotine est inaugurée en France. Son inventeur, M. Guillotin, voulait procurer aux suppliciés une mort plus prompte et plus douce que la potence...

C'est à Paris, le 25 avril 1792, qu'est inaugurée la guillotine lors de l'exécution de Nicolas-Jacques Pelletier, un voleur de grand chemin. Trois ans plus tôt, en 1789, le docteur Joseph Guillotin avait présenté sa machine à décapiter à l'Assemblée constituante, et en 1791, un décret avait fixé que "tout condamné à mort aura la tête tranchée". Pendant la Terreur, de septembre 1793 à juillet 1794, près de 50 guillotines seront installées en France et quelque 20 000 personnes seront exécutées.

 

Le fameux Guillotin, loin d'être le bourreau sanguinaire que l'on pourrait imaginer, était un "honnête docteur doux et modéré, nous apprend Le Figaro du 16 juillet 1829 :

 

"Député à l'assemblée nationale, il avait fait de profondes études sur les différents modes de supplice adoptés par toutes les nations civilisées, et le résultat de ses recherches fut que la strangulation était accompagnée de convulsions et de contractions nerveuses terribles et d'une lente et douloureuse agonie. Il proposa donc de substituer la décollation à la pendaison. Ce fut alors qu'il inventa cette ingénieuse machine qu'il démontra devoir procurer aux suppliciés une mort plus prompte et plus douce que la potence, et dont le gouvernement ordonna l'usage général (...).  

Guillotin était un homme fort doux, fort modéré qui gémit, dit-on, longtemps, de voir son nom attaché à une machine dont la silencieuse et dévorante dictature couvrit de sang le sol de la France. Guillotin eut tort; car s'il est vrai que le couperet sépare le supplicié de la vie plus rapidement que la garotte espagnole ou que la cravate de S. Johnston il a rendu en tout cas un grand service à l'humanité".

Moins d’un siècle plus tard, la guillotine est vue comme un instrument barbare, et le sénateur et journaliste Edouard Charton propose de la remplacer par l'électricité, comme le rapporte Le Petit Parisien le 19 juin 1886 :
"Au lieu de placer le condamné à mort sous le couperet sinistre, on le foudroierait. Une décharge électrique, et tout serait dit (...). En Angleterre, Il y a déjà longtemps que, dans la plupart des abattoirs, la mort est donnée aux animaux au moyen de l'électricité.”​

En réalité, ce n’est que bien plus tard, en 1977, que la guillotine sera définitivement abandonnée, et la peine de mort abolie, en 1981 alors que Robert Badinter est ministre de la Justice.