Écho de presse

1815 : Le retour de Napoléon en France

le 25/02/2024 par Romain Bedel
le 09/08/2017 par Romain Bedel - modifié le 25/02/2024
Acclamation Du peuple De Grenoble au Retour de Napoléon, le 7 mars 1815 ; esnos rue du F.g Saint Martin ; 1830

Mars 1815 - Napoléon, exilé sur l'île d'Elbe, entreprend de revenir en France afin de remonter sur le trône : des premières rumeurs à la formation d'un nouveau gouvernement.

Le Moniteur Universel, 20 mars 1815 : on annonce que le 8 mars une "nouvelle qui, sans être officiellement constatée, occupe tous les esprits" est arrivée de Vienne.

"Le 26 février, Bonaparte donna à sa petite cour une fête dans laquelle il se montra plus gai et plus affable qu’à l’ordinaire. Il laissa les convives à minuit, et eut l’air de se retirer dans son appartement. Deux heures après, ils étaient encore assemblés, lorsque la nouvelle se répandit dans tout Porto-Ferrajo qu'une escadre, composée de trois frégates et d’une douzaine de petits bâtiments, s’éloignait de file, et que c’était Bonaparte, lui-même qui la quittait pour rejoindre le roi de Naples. On sut depuis que deux frégates anglaises avaient quitté la rade pour aller à la poursuite de la flotille , mais que celle-ci leur avait échappé".

La rumeur se confirme. Dans la presse, sept adresses au Roi sont publiées par le journal : les troupes royales y assurent publiquement qu'elles resteront fidèles à la Couronne. 

"Sire, Ce matin l’état-major de la garnison de Rochefort a été officiellement informé que Bonaparte s’était présenté à main armée dans le département du Var. Justement indignés de cet attentat déloyal et criminel , les généraux et officiers qui composent cet état-major s'empressent de renouveller à V. M. le serment de fidélité qu’ils lui ont déjà prêté"

 

Le 21 mars 1815, le Journal des Débats Politiques et Littéraires redevenu le Journal de l'Empire, relaie l'arrivée de Napoléon à Lyon :

"S. M. l'Empereur des Français a passé en revue, sur la place Bonaparte, toutes les troupes arrivées à Lyon. Quand on n'a pas joui de ce spectacle imposant, on ne peut se faire une juste idée de cette réunion de 15 à 20 mille braves de toutes armes retrouvant le chef qu'ils idolâtroient, lui jurant de nouveau le plus inviolable dévouement, et confondant leurs cris d'allégresse avec ceux d'une immense population également avide de contempler le héros"

La Gazette de France du 24 mars, se fait l'écho des nouvelles en provenance des différents royaumes et pays d'Europe et ajoute l'Empire Français à la liste de ses sujets. Le journal évoque le retour de l'Empereur ainsi que le souvenir de la Révolution.

"L’Empereur instruit que le peuple en France avait perdu tous ses acquis par vingt-cinq années de combats et de victoires, et que l’armée était attaquée dans sa gloire résolut de faire changer cet état de choses, de rétablir le trône impérial qui seul pouvait garantir les droits de la nation, et de faire disparaître ce trône royal que le peuple avait proscrit comme ne garantissant que les intérêts d’un petit nombre d’individus."

Le 28 mars 1815 le Journal de l'Empire (ex Journal des débats politiques et littéraires) et la Gazette de France publient la déclaration du Conseil d'État qui prépare la formation du nouveau gouvernement et assure que l'Empereur respectera les principes de liberté établis par la Révolution :

"Le conseil d’État, en reprenant ses fonctions, croit devoir faire connoître les principes qui font la règle de ses opinions et de sa conduite.
La souveraineté réside dans le peuple, il est la seule source légitime du pouvoir. En 1789, la nation reconquit ses droits depuis long-temps [sic] usurpés [...]. L’Empereur est appelé à garantir de nouveau par des institutions (et il en a pris l’engagement dans ses proclamations à la nation et à l’armée), tous les principes libéraux, la liberté individuelle et l’égalité des droits, la liberté de la presse et l’abolition de la censure"

Napoléon abdiquera le 22 juin, il sera de nouveau condamné à l'exil et ne reverra jamais la France.