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L'inauguration de l'Opéra Garnier en 1875

le par - modifié le 05/08/2020
le par - modifié le 05/08/2020

Le 5 janvier 1875, le Tout-Paris se presse sur les marches du nouvel opéra de Paris pour son inauguration. C'est l'aboutissement d'un long chantier commencé en 1860 sous le Second Empire et inauguré sous la IIIe République.   

Garnier remporte le concours

Le Temps du 3 juin 1861 reprend le rapport publié dans Le Moniteur sur le concours pour le projet d’une salle d'opéra à Paris. Cinq projets d’architecture avaient été retenus au préalable. Parmi les membres du jury figure notamment le comte Walewski, ministre d’État. Le nom de Charles Garnier a été retenu à l’unanimité car il réunit « des qualités rares et supérieures dans la belle et heureuse distribution des plans, l’aspect monumental et caractéristique des façades et des coupes ». Le jury fait le choix d’un jeune architecte, un ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome qui s’est formé à l’étude des monuments de l’Italie et de la Grèce.

Caricature de Charles Garnier, aquarelle, P.F.E.Giraud - source : Gallica-BnF

Un projet ambitieux

Le Figaro du 7 mai 1863 consacre plus de deux pages au nouvel opéra et illustre l’article par des gravures et des plans.  Le journal estime l’œuvre « d’une telle importance » qu’il préconise d’« attendre sa réalisation avant de porter un jugement ». Il propose une analyse détaillée du plan de l’édifice et de son implantation. Il s’attarde sur l’escalier d’honneur, la partie « la plus monumentale » du projet qu’il associe à Véronèse. Il évoque les interrogations de Charles Garnier autour de l’éclairage central par un lustre. Le chantier d’envergure devait durer quatre ans et coûter 20 millions, un temps d’exécution que l’auteur de l’article, Charles Yriarte, estime insuffisant. Il invite également le ministre d’État à ne pas rechercher les économies et rappelle que personne ne viendrait plus reprocher à Louis XIV sa prodigalité au service de Versailles…

La danse de Carpeaux, façade de l'Opéra Garnier ; photographie ; 1921 ; Agence Roll - source : Gallica-BnF

Débats esthétiques

Paris, l'Opéra ; photographie ; 1921 ; Agence Roll, Paris - source : Gallica-BnF

À partir de l’été 1867, la façade de l’opéra est dégagée de ses échafaudages et elle est désormais visible. Le Temps du 25 août 1867 s’en félicite et estime qu’il est dès lors possible de « juger de l’effet que tout le monument produira » même s’il manque les groupes sculptés. L'auteur de ce texte, Charles Blanc, fondateur de La Gazette des beaux-arts et professeur d’architecture à l’École spéciale d’architecture, après un jeu de questions-réponses assez convenu sur la pertinence de la critique en architecture, vient rappeler les rivalités entre architectes et leurs préjugés d’école. Il se livre ensuite à une critique en règle du projet. Il accuse Garnier de sacrifier au goût du temps en « ajoutant au luxe de la façade l’emploi des matières précieuses, des marbres bigarrés, des métaux et de la dorure ».  Il lui reproche une « opulence indiscrète », parle de « bariolage », d’un « manque de dignité », d’« une faute de goût » et d’« une marque de décadence » à l’encontre de l’architecture grecque que Charles Blanc érige en modèle.  

Coupe montrant le détail de la structure métallique du foyer des abonnés ; Opéra Garnier ; dessin ; 1875 ; Charles Garnier - source : Gallica-BnF

Charles Garnier (1825-1898)

Après une formation en ateliers d'architectes, il obtient le prix de Rome en 1848 et devient pensionnaire de l'Académie de France à Rome de 1849 à 1853. Il fait de nombreux voyages en Italie puis en Grèce pour y réaliser entre autres le relevé du temple d'Aphaïa à Égine où il insiste sur la polychromie. Il visite aussi Constantinople avec Théophile Gautier.  Ses pérégrinations, Ses rencontres l'influencent.  De retour à Paris, il emporte le concours pour l'Opéra de Paris. En 1874, il devient membre de l’Académie des beaux-arts. Il a aussi conçu le casino de Monte-Carlo ou encore l’observatoire de Nice.

Charles Garnier ; photographie ; atelier Nadar ; 1900 - source : Gallica-BnF

Le plafond peint par Chagall à l'Opéra Garnier

Reportage consacré au nouveau plafond de l'Opéra Garnier à Paris, peint par Marc CHAGALL et qui doit être inauguré prochainement.Le commentaire est accompagné d'images des travaux de mise en place du plafond, de la conférence de presse de Georges AURIC, administrateur de l'opéra Garnier, d'une interview de Marc CHAGALL dans son atelier parisien qui explique la création du plafond, puis du Premier ministre Georges POMPIDOU qui s'exprime sur la qualité de l'oeuvre du maitre.

Bibliographie

 

Jean-Pierre Delagarde, Aurélien Poidevin, Opéra Garnier, Paris, La Martinière, 2014.


Gérard Fontaine, L’Opéra de Charles Garnier - Architecture et décor extérieur, Paris, Éd. Patrimoine, 2000.


Pour en savoir plus :

L'Histoire de l'opéra Garnier sur Passerelle(s) BnF, un site de culture générale et une histoire de la construction et de l'architecture autour des métiers du bâtiment et des travaux publics.