Titre de presse

Gazette nationale ou le Moniteur universel

24 novembre 1789 - 30 juin 1901
Titre de presse

Gazette nationale ou le Moniteur universel

24 novembre 1789 - 30 juin 1901
5 mars 1789
Paris (France)
40 588
 
31 décembre 1899
information générale
Quotidien

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, Le Moniteur universel fut longtemps l’organe officiel du gouvernement français.

Le 24 novembre 1789, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel voit le jour. Elle est, après L’Union (novembre 1789-avril 1790) le deuxième journal français à adopter le format in-folio, sur le modèle de la London Gazette.

À partir de janvier 1811, le journal prend son nom définitif, se débarrassant de son titre en faveur de son sous-titre : Le Moniteur universel.

Favorable à la Révolution mais osant néanmoins en faire la critique, Le Moniteur se réjouit de son très grand succès, dû à ses compte-rendus de débats parlementaires. Pour ces derniers, Panckoucke s’assure la collaboration de Hugues-Bernard Maret (1763-1839). Tandis que les compte-rendus d'époque sont systématiquement retranscrits en discours indirect, Maret, qui a perfectionné son propre style de sténographie, enregistre les débats sous la forme de dialogues, beaucoup plus captivants.

Pour documenter les événements de la réunion des États généraux du 5 mai 1789 jusqu’au 23 novembre (la veille de la création du journal), Panckoucke édite une anthologie, écrite a posteriori, sous le même format que le journal. Source documentaire à utiliser cependant avec réserve, ces numéros antidatés ont été réalisés par un certain Thuau-Grandville.

En 1798, au décès de Panckoucke, le journal passe entre les mains de sa veuve et de son gendre, Henri Agasse (1752-1813). Napoléon Bonaparte (1769-1821) lui confère le privilège de la publication des actes du gouvernement et des communications officielles. Lorsque Maret est nommé secrétaire d’État en 1799, Napoléon le charge des rapports avec Le Moniteur.

Le décret sur la presse du 17 janvier 1800 supprime soixante journaux politiques. Seuls treize d'entre-eux, dont Le Moniteur, sont maintenus. Celui-ci devient alors l’organe de propagande cardinal de l’Empire, Maret et Napoléon lui-même se chargeant de la rédaction des articles politiques. Napoléon se préoccupe des moindres détails, rédige, corrige les articles, fixe les dates de parution. Les nouvelles, souvent inventées, ont pour objectif d'influencer l’opinion en France et à l’étranger. Lors des conflits, les pertes de l’ennemi sont toujours exagérées, celles des Français diminuées.

La transformation du Moniteur en organe de communication gouvernementale devient encore plus évidente à partir de 1807. Désormais, la presse départementale est contrainte de ne publier que les articles déjà parus dans Le Moniteur.

Puis le 4 février 1811, tous les journaux politiques à l'exception de quatre titres, dont Le Moniteur, sont supprimés. Ils héritent des abonnés des autres journaux et se partagent les bénéfices. Mais ce bonheur financier ne durera pas longtemps : leur capital sera confisqué deux semaines plus tard via le décret du 18 février 1811.

Les quatre journaux restants sont alors mis sous surveillance par des membres du « Bureau de l’esprit public ». François Sauvo (1772-1859 ?), chargé dès 1799 des rubriques non-politiques du Moniteur, assume cette responsabilité au sein du bureau de la rédaction. La liberté de la presse sous l’Empire est alors bien moindre qu’à la veille de la Révolution.

En 1851, le journal se modernise. Il agrandit son format et s’assure les services des meilleures plumes de son époque : Théophile Gautier, Champfleury, Octave Feuillet, Arsène Houssaye, Prosper Mérimée, Henri Murger, Charles-Augustin Sainte-Beuve. Bien qu’il soit toujours soumis au contrôle du gouvernement, Le Moniteur retrouve alors une certaine indépendance. Ainsi Sainte-Beuve s'autorise le droit de faire l’éloge de Madame Bovary au moment même où Gustave Flaubert est poursuivi en justice pour la publication du roman.

En 1864, inspiré par l'énorme succès du Petit Journal, Le Moniteur se lance à la conquête du grand public, avec une édition du soir à format réduit, moins chère : Le Petit Moniteur universel. Il n’atteindra jamais le tirage du Petit Journal, mais avec jusqu'à 200 000 exemplaires tirés sous le Second Empire, l’entreprise est incontestablement une réussite.

En septembre 1868, Paul Dalloz, grand magnat de la presse et héritier du Moniteur, regroupe tous ses journaux (Le Monde illustré, La Petite Presse, La Presse illustrée, etc.) au sein de la Société Anonyme des Publications Périodiques, en vue d’optimiser leur gestion et leur distribution.

À la fin de l’année 1868, Le Moniteur universel perd le monopole de l’information officielle. Ce privilège revient désormais au Journal officiel.

Si la diffusion du Moniteur devient de plus en plus faible au fil des années (14 000 exemplaires en 1880), Le Petit Moniteur peut encore se réjouir d’être tiré à 100 000 exemplaires, grâce à son prix – 5 centimes – et ses romans-feuilletons très populaires.

Le Krach de 1882 et la mort de Dalloz en 1887 déstabilisent la Société Anonyme des Publications Périodiques ; le Moniteur universel en pâtit. Plusieurs tentatives de ranimer le journal s'avèrent infructueuses, et le nombre d’abonnés descend à 800. En 1902 – alors qu'il entame sa 113e année de publication – Le Moniteur universel est contraint de fusionner avec Le Soleil.