Écho de presse

"Le Tour du monde en quatre-vingts jours" en feuilleton

le 03/08/2019 par Pierre Ancery
le 02/06/2017 par Pierre Ancery - modifié le 03/08/2019
L'Abeille d'Angers, 28 avril 1878 ; source Gallica BnF

Le roman de Jules Verne narrant les aventures de Phileas Fogg et de Passepartout parut d'abord dans "Le Temps" en 1872, avant d'être édité chez Hetzel.

Le 6 novembre 1872, Le Temps publie le premier épisode du nouveau roman de Jules Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours. Treizième de la série des Voyages extraordinaires qui fit la réputation de son auteur, il paraîtra en feuilleton chaque jour jusqu'au 22 décembre 1872.

 

"En l’année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens — maison dans laquelle Sheridan mourut en 1814, — était habitée par Phileas Fogg, esq., l’un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu’il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l’attention. À l’un des plus grands hommes d’État qui honorent l’Angleterre, succédait donc ce Phileas Fogg, personnage énigmatique, dont on ne savait rien, sinon que c'était un fort galant homme, et l'un des plus beaux gentlemen de la haute société anglaise."

 

Comme nombre de romans écrits par Jules Verne, celui-ci prend son point de départ en Angleterre. Il raconte la course autour du monde d'un gentleman anglais, Phileas Fogg, qui a fait le pari de la réussir en quatre-vingt jours, et de son serviteur français Jean Passepartout. Au cours de son périple, le duo va utiliser tous les moyens de transport disponibles à la fin de XIXe siècle, traversant l'Europe, les Indes, la Chine, l'Amérique, les océans en bateau à vapeur, en train, en paquebot, en traîneau à voiles... et même en éléphant.

 

Le récit tient le lecteur  en haleine par sa question omniprésente : les héros reviendront-ils à Londres à temps pour emporter le pari ? Jusqu'au coup de théâtre final... Authentique roman d'aventures, il comporte son lot de passages mémorables. Comme celui où Fogg et Passepartout (ce dernier déguisé en fantôme) arrachent une jeune Indienne aux flammes d'un bûcher :

 

"Puis une torche fut approchée, et le bois, imprégné d’huile, s’enflamma aussitôt. A ce moment, sir Francis Gromarty et le guide retinrent Phileas Fogg, qui, dans un moment de folie généreuse, s’élançait vers le bûcher... Mais Phileas Fogg les repoussait déjà, quand la scène changea soudain. Un cri de terreur s’éleva. Toute cette foule se précipita à terre, épouvantée. Le vieux rajah n’était donc pas mort, qu’on le vit se redresser tout à coup, soulever la jeune femme dans ses bras comme un fantôme, descendre du bûcher au milieu des tourbillons de vapeurs qui lui donnaient une apparence spectrale. Les fakirs, les gardes, les prêtres, pris d’une terreur subite, étaient là, face à terre, n’osant lever les yeux et regarder un tel prodige !"

 

Le Tour du monde en quatre-vingts jours fascina aussi les lecteurs par l'exotisme de ses descriptions, à une époque où les distances se raccourcissaient, mais où le voyage était encore une réelle aventure. Comme dans cette scène où Passepartout, séparé de son maître, découvre les rues de Yokohama, au Japon :

 

"Passepartout mit le pied, sans aucun enthousiasme, sur cette terre si curieuse des Fils du Soleil. Il n'avait rien de mieux à faire que de prendre le hasard pour guide, et d'aller à l'aventure par les rues de la ville. […] Dans les rues, ce n'était que fourmillement, va-et-vient incessant : bonzes passant processionnellement en frappant leurs tambourins monotones, yakounines, officiers de douane ou de police, à chapeaux pointus incrustés de laque et portant deux sabres à leur ceinture, soldats du taïkoun, vêtus de cotonnades bleues à raies blanches et armés du fusil à percussion, hommes d'armes du mikado, ensachés dans leur pourpoint de soie, avec haubert et cotte de mailles, et nombre d'autres militaires de toutes conditions, car au Japon la profession de soldat est autant estimée qu'elle est dédaignée en Chine."

 

Le Tour du monde en quatre-vingts jours fut repris l'année suivante en volume chez Hetzel, à Paris, et suscita par la suite nombre d'adaptations au théâtre et au cinéma. Il demeure l'un des ouvrages les plus célèbres et les plus aimés de son auteur.

 

 

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