Chronique

Histoire d’un célèbre « grand enfant » révolutionnaire : Peter Pan

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Peter Pan assoupi devant sa hutte en bois, illustration parue dans Paris-Soir, juin 1937 - source : RetroNews-BnF

Inspiré du concept rousseauiste évoquant un âge d’or où la propriété privée n’existait pas, la pièce de théâtre devenue roman Peter Pan met en scène, via son héros, une vision très avant-gardiste de l’adolescent rebelle.

Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau considérait, en 1755, qu'il y avait eu sur Terre un « âge d'or primitif », l'état de nature, au cours duquel la propriété privée n'existait pas. En instaurant la propriété privée, la société civile aurait en même temps créé des inégalités venues se surajouter aux inégalités naturelles.

Rousseau sous-entendait ainsi que la société civile ne pourrait être bénéfique à l'homme que si elle se donnait pour objet de corriger ces inégalités introduites par la propriété privée. 

On s'est beaucoup moqué de Rousseau à propos de cet état de nature. « Il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage », lui écrivait Voltaire en réaction, dans une lettre du 30 août 1755. Marcher à quatre pattes, comme pour brouter, ou comme les petits enfants.

En 1913 encore, le journal conservateur L'Avenir des Hautes-Pyrénées reprenait la boutade à son compte en vue de stigmatiser l'école laïque de la IIIe République et se demandait quand l'État cesserait de marcher à quatre pattes

Au début du XXe siècle, on tendit à présenter Rousseau comme un « grand enfant ». Ainsi, Louis Madelin dans La République française du 23 août 1907, décrit le philosophe comme « un génial mystificateur, au fond assez bon homme et grand enfant ».

Cela fait écho à la rhétorique du peuple décrit lui...

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