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Écho de presse

Le tour du monde de Cocteau

En 1936, Jean Cocteau se lance sur les traces du héros de Jules Verne pour Paris-Soir. Il en tire un récit foisonnant, poétique et halluciné.
Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Publié le

14 octobre 2016

et modifié le 4 juin 2018

En 1936, Jean Cocteau se lance sur les traces du héros de Jules Verne pour Paris-Soir. Il en tire un récit foisonnant, poétique et halluciné.

"Nous décidâmes de partir sans attendre le 29 mars, et d'être de retour le 17 juin, au journal, avant le dernier coup de minuit. Le moindre retard d'un bateau, la moindre anicroche, la moindre faute de calcul, et c'en serait fait de notre réussite."

En 1936, quand d'autres sont sur le front espagnol, Cocteau se lance un défi : partir pour Paris-Soir sur les traces de son héros d'enfance, Phileas Fogg, "suivre réellement sa route idéale, quatre-vingts jours, ni plus ni moins." Du 1er août au 4 septembre, ses reportages sont publiés chaque jour dans le grand quotidien français. 

La première halte a lieu dans une Rome fascisée — "la ville aveugle, sourde, la langue coupée, s'exprime uniquement par les grimaces lyriques de Mussolini" — où il se livre à une magnifique déambulation :

"Grâce à ses eaux jaillissantes, sur les places, je la retrouve cette Rome de Carnaval et d'Opéra. Je retrouve le Forum, son désordre de villa cambriolée après la fuite des cambrioleurs, le Colisée, ses sous-sols et ses coulisses de mort, son immense réservoir de sang et de lune, défoncé, criblé d'arcades et d'étoiles, les anges pie du pont Saint-Ange, le Pape et ses tentacules de pierre, la place d'Espagne et la maison de Keats, prise dans les escaliers, comme un moulin dans une chute d'eau.

[...] Des couches et des couches de squelettes, de larves, de famines, de fièvres, de pestes, de Vénus cataleptiques dormant les yeux ouverts, de bijoux portant malheur, et de jettaturas funestes. Rome la nuit ! Je ne peux me lasser de la parcourir. Nous entraînerait-elle par la veste ? Nous ensevelirait-elle ? Nous empêcherait-elle de prendre le train de Brindisi ? Nous nous sentons gobés par cette pieuvre."

Puis c'est Athènes, Le Caire et Alexandrie, les coupes gorge de Rangun, le Luna Park de Singapour et le dragon de Hong Kong : 

"Plus je rencontre dans les glaces nos figures maigres et jaunes, plus je constate les fluides, miasmes, charmes, enchantements, sorcelleries que dégage l'ancienne jungle fantôme."

On croise des lépreux et des geishas révoltées, des singes à petites mains qui demandent l’aumône et des enfants rieurs. On passe un moment avec Charlie Chaplin sur un vieux cargo des mers de Chine :

"Je ne parle pas l'anglais. Chaplin ne parle pas le français. Et nous parlons, nous parlons, nous nous questionnons, nous nous répondons sans le moindre effort. Que se passe-t-il ? Quelle est cette langue nouvelle ? C'est la langue vivante, la plus vivante de toutes, qui naît de la volonté de correspondre coûte que coûte, la langue des mimes, la langue des poètes, la langue du cœur."

Enfin, c'est le temps du retour. Par le hublot, la France :

"La Grande Ourse est retombée sur ses pattes. Je reconnais la sage Grande Ourse de Seine-et-Oise. Je me couche. Je suis tranquille. Nous sommes en France. J'ai bouclé la boucle. Je rentre chez moi."

 

Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.

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