Américain de Chicago issu d'un milieu aisé, John Dos Passos étudie à Harvard avant de partir à la découverte de l'Europe et du Moyen-Orient. Il s'engage en 1917 comme ambulancier et exerce à Paris et en Italie, puis vit un temps à Paris où il côtoie Hemingway et étudie l'anthropologie à la Sorbonne.
Avec un premier roman paru en 1920 et un second, Manhattan Transfer, qui connaît en 1926 un succès fulgurant, l’écrivain est à l’apogée de sa renommée littéraire dans les années 20 et 30, où sa réputation dépasse largement l’Atlantique.
À propos de son best seller Manhattan Transfer, on peut lire dans Paris-Soir :
"Ceux pourtant qui auront le courage de se plonger dans ces deux volumes seront récompensés. Étourdis au début, voilà leur sort, avec exactement l'impression de tomber dans une grande ville inconnue. Cela se comprend, c'est New-York, New-York tout entier, la seconde métropole du monde et sûrement la plus moderne, toute moderne, avec Chicago, sans rien qui puisse reposer l'œil et l'esprit comme on peut les reposer à Paris et à Londres. (...)
Sans doute, et de ce point de vue, il faut considérer Manhattan Transfer comme un fort beau livre et qui peut grandement nous servir."
Critique féroce de la politique américaine, un temps proche des libertaires, Dos Passos s'engage en faveur des anarchistes Sacco et Vanzetti en 1927. En pleine affaire, L’Humanité publie un télégramme du "grand écrivain" :
"Nous en appellerons à la cour suprême mardi, au sujet de ces hommes affaiblis par la grève de la faim et qui restent sans peur devant l'éventualité de mourir pour la Révolution."
Sa trilogie U.S.A. marque les années 30 : Dos Passos y raconte l'évolution de la société américaine durant les trente premières années du XXe siècle, utilisant une technique d'écriture expérimentale qui mêle quatre modes de narration différents.
Dans un papier consacré à la littérature américaine en 1939, Le Temps évoque Dos Passos aux côtés des plus grands écrivains américains, d’Hemingway à Steinbeck, et le consacre comme l’un des maîtres de la littérature cinématographique, décrivant cette technique particulière "empruntée à la vie et au cinéma" :
"Elle s’applique en profondeur dans le tout dernier livre de Dos Passos Adventures of a Young Man, qui vient de paraître, où se révèle en plein le pessimisme foncier, la pénétration psychologique et la tendresse discrète et à peine exprimée pour des êtres submergés, en désaccord avec leur milieu qui à la vie ne trouvent d’autre solution que la mort."
Ecrit par
Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.