Écho de presse

Le triomphe de "Metropolis"

le 04/06/2018 par Pierre Ancery
le 09/01/2017 par Pierre Ancery - modifié le 04/06/2018

Le film de Fritz Lang, sommet de l'expressionnisme allemand, fut reçu avec enthousiasme par la presse française.

C'est en 1927 que sort dans les salles françaises le monumental Metropolis du réalisateur autrichien Fritz Lang. Le film, muet et en noir et blanc, prend place dans la cité éponyme, une ville futuriste où la population est divisée entre la classe intellectuelle et oisive, qui vit dans les hauteurs, et la classe ouvrière, terrée dans les bas-fonds.

 

En France, les critiques n'insistent guère sur l'aspect politique du film, qui sera plus tard abondamment discuté (la co-scénariste, Thea von Harbou, mariée à Fritz Lang au moment du tournage, adhérait aux thèses nazies). Mais la plupart des journalistes saluent la réussite artistique de cette superproduction dont le tournage dura 310 jours. Le Siècle du 14 octobre écrit ainsi :

 

"Avec Metropolis, Fritz Lang a accompli un gigantesque effort et dressé un monument cinématographique qui restera à cause de la perfection de sa technique et de l'originalité de sa conception. Metropolis est sans doute un chef-d'œuvre."

 

Dans La Lanterne du 18 mars, le critique salue la beauté des décors, l'interprétation de Brigitte Helm, et surtout la puissance visionnaire de Fritz Lang, voyant en lui "un cerveau qui, créant des images surnaturelles, des images de rêve, vous enlève loin des mornes banalités de la vie courante".

 

Le Journal du 14 octobre surenchérit :

 

"Œuvre formidable, d'un symbolisme ardent, parfois nébuleux, Metropolis apporte à notre curiosité, à notre imagination des choses futures, l'expression visuelle d'un étrange roman."

 

Tandis que le Paris-Soir du 5 novembre voit dans Metropolis l'aboutissement du cinéma expressionniste :

 

"Chaque ligne, chaque volume, concourent là à l'expression voulue par le metteur en scène. Le décor, composé pièce à pièce, participe pleinement de l'idée génératrice du film, et cette technique nouvelle, qui bouleverse les formules déjà périmées du réalisme est appelée à imposer ses lois au cinéma de l'avenir."

 

Parmi les détracteurs du film, on ne trouve quasiment que Les Annales politiques et littéraires, qui écrivent le 15 novembre :

 

"Le scénario de Metropolis est d'une sottise absolue. On dirait une gageure : un mauvais devoir d'écolier pris au sérieux, les rêves de Tolstoï, Villiers de l'Isle-Adam et Wells mis en salade par un nigaud."

 

L'influence de Metropolis fut considérable sur l'imaginaire du XXe siècle. L'aspect futuriste de la ville et de l'androïde présent dans le film marquèrent des œuvres aussi diverses que Superman, Blade Runner, Brazil ou Star Wars.