Aller au contenu principal
Se connecterS'abonner

Nos articles

Le média qui interroge les modes d'écriture de l'Histoire.

À la une
  • Arts
  • Catastrophes
  • Colonies
  • Conflits et relations internationales
  • Économie
  • Éducation
  • Environnement
  • Faits divers
  • Généalogie
  • Histoire de la presse
  • Justice
  • Médias
  • Politique
  • Religions
  • Santé
  • Sciences
  • Société
  • Sports et loisirs
  • Grand siècle
  • Siècle des Lumières
  • Révolution
  • Consulat et Empire
  • Restauration
  • Monarchie de Juillet
  • IIe Rép.
  • Second Empire
  • Commune
  • Débuts de la IIIe Rép.
  • Rép. radicale
  • Première Guerre mondiale
  • Entre-deux-guerres
  • Seconde Guerre mondiale
  • GPRF
  • IVe Rép.
  • Dossiers
  • Séries
  • Podcasts
  • Vidéos

Les archives

De 1631 à 1954, plus de 2000 titres de presse sont publiés sur RetroNews.

Explorer les journaux
Recherche avancée
RetroNews, c’est quoi ?•FAQ

Un espace digital dédié aux universitaires, aux scolaires et aux enseignants

Accéder à l'espace
Se connecterS'abonner
Recherche
RubriquesTimelineJournaux
États-UnisIranIsraël

Écho de presse

1916 : Rodin interviewé

Peu avant sa mort, alors qu'il est question que l'hôtel Biron, à Paris, devienne un futur musée Rodin, le célèbre sculpteur reçoit la presse et répond aux critiques.
sculptureinterviewcentenaire
Pierre Ancery

Ecrit par

Pierre Ancery

Publié le

21 mars 2017

et modifié le 22 novembre 2024

Peu avant sa mort, alors qu'il est question que l'hôtel Biron, à Paris, devienne un futur musée Rodin, le célèbre sculpteur reçoit la presse et répond aux critiques.

Septembre 1916. Auguste Rodin se fait vieux, il a 75 ans. En mars, il a fait une attaque, suivie d'une congestion cérébrale en juillet. Le vieux maître pense à sa postérité. Il fait alors trois donations successives de son hôtel particulier, de son atelier et de ses collections d'art à l’État. En échange, il demande la création d'un musée Rodin à l'hôtel Biron, à Paris.

 

Le lieu a abrité de nombreux artistes, dont Rodin lui-même. Mais Rodin, depuis toujours, est controversé pour la nouveauté et l'extrême sensualité de son art. En 1916, il continue de choquer certains, et des voix s'élèvent pour contester le choix du lieu, un superbe hôtel particulier construit en 1727 rue de Varenne et doté d'un parc de trois hectares.

 

La polémique enfle. Rodin est-il suffisamment « génial » pour se voir attribuer ce joyau ? Certains le pensent : le sculpteur reçoit ainsi le soutien de Claude Monet, Georges Clemenceau, Octave Mirbeau... D'autres sont plus sceptiques, voire franchement hostiles. Le 7 octobre, Gustave de Lamazelle, dans La Croix, parle de "rodinolâtrie" et fustige le projet :

 

"Voir installer ces œuvres-là dans un ancien couvent, dans une chapelle confisquée, cela blessera profondément tous les catholiques de France. [...] Et l'on veut exposer de pareilles œuvres dans un musée ouvert au public, là où des jeunes filles et des enfants peuvent entrer librement !"

Le 24 octobre, Le Siècle pose la question en une  : "Rodin mérite-t-il l'hôtel Biron ?". Le journaliste Jean Dorsenne demande l'avis de plusieurs personnalités... à commencer par Rodin, qui le reçoit dans sa villa de Meudon. Rodin s'exprime alors sur la controverse dont il est l'objet :

 

"— C'est la suite logique de toute ma vie ! J'ai toujours été, au cours de ma carrière, « embêté » par les artistes officiels. Que cette basse opposition cessât au déclin de mon existence, ce ne serait vraiment pas drôle !

— D'ailleurs, dis-je un peu pompeusement, qu'importent les efforts des Pygmées contre le Titan ?

— Oh ! vous savez ! je suis un Titan brisé, répond Rodin avec une certaine pointe de mélancolie."

L'artiste revient en riant sur les critiques qu'il a subies pendant toute sa carrière :

 

"— J'ai toujours choqué l'Institut, reprend-il. Tous ces vieux rétrogrades ressusciteraient dans cent ans qu'ils me trouveraient encore trop hardi. Voyons !... c'est très drôle ! Ils protestent contre l'immoralité de mon œuvre, ils me reprochent d'aimer la Femme... Mais ils sont incapables de comprendre ce que je fais... Il faut regarder ma sculpture avec des yeux chastes... je vous assure... Mais tous ces pères la Pudeur, qui se livrent eux-mêmes aux pires polissonneries, crient au scandale..."

 

Après un vote au Parlement, les trois donations seront finalement officialisées le 24 décembre. Rodin meurt un mois après, le 29 janvier 1917. Le musée qui porte son nom sera inauguré en 1919.

 

 

Mots-clés

sculptureinterviewcentenaire
Pierre Ancery

Ecrit par

Pierre Ancery

Pierre Ancery est journaliste. Il a signé des articles dans GQ, Slate, Neon, et écrit aujourd'hui pour Télérama et Je Bouquine.

Besoin d'aide ?Nos offres d'abonnementQui sommes-nous ?

Recevez RetroHebdo, les actualités de la semaine qu'il ne fallait pas manquer

C'est gratuit et vous pouvez vous désinscrire quand vous le souhaitez.

Accessibilité : Partiellement conformeCGUCGVConfidentialitéCookiesMentions légalesRSEBnFPlan du site