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Écho de presse

1920 : Les Champs magnétiques, première publication du surréalisme

Rédigés en seulement deux mois par André Breton et Philippe Soupault, « Les Champs magnétiques » font voler en éclats, lors de leur parution, les codes de la poésie dite moderne.
surréalismeAndré BretonPhilippe Soupaultpoésie
Arnaud Pagès

Ecrit par

Arnaud Pagès

Publié le

11 avril 2018

et modifié le 15 septembre 2024

Rédigés en seulement deux mois par André Breton et Philippe Soupault, « Les Champs magnétiques » font voler en éclats, lors de leur parution, les codes de la poésie dite moderne.

Dans son édition du 19 août 1920, le journal des arts Comœdia fait part de son intérêt pour une forme de poésie nouvelle et radicalement différente de tout ce que la forme a alors à proposer :

« “Prisonniers des gouttes d'eau, nous ne sommes que des animaux perpétuels. Nous courons dans les villes sans bruit et les affiches enchantées ne nous touchent plus. À quoi bon ces grands enthousiasmes fragiles, ces sauts de joie desséchés…”

Je résiste au plaisir d'en citer davantage...

Je préfère vous renvoyer au livre de MM. André Breton et Philippe Soupault, “Les Champs magnétiques”, d'où j'extrais ces lignes qui, sous leur désenchantement, cachent une joyeuse ironie.

D'ailleurs, on éprouve un charme réel à se laisser bercer de ces phrases que de loin en loin une épithète, un mot bien placés, éclairent comme une lueur d'électricité brusque. »

Un an auparavant en effet, au printemps 1919, André Breton, 23 ans, et Philippe Soupault, d’un an son cadet, se sont lancés dans l'expérience novatrice de l'écriture automatique.

Cette forme d'écriture expérimentale, inspirée par les travaux de Sigmund Freud sur l'inconscient et le subconscient, consiste à laisser venir à soi des images et des idées, sans contrôle de la raison, en devenant en quelque sorte un récepteur du verbe, plus qu'un émetteur. Ce faisant, ils souhaitent poser les bases d'une « poésie parlée », étant persuadés que « la vitesse de la pensée n'est pas supérieure à celle de la parole et qu'elle ne défie pas forcément la langue, ni même la plume qui court ».

Ils prônent l’« automatisme psychique pur » et la « toute puissance du rêve ».

Travailleurs acharnés du verbe, Breton et Soupault s'appliquent alors, huit heures par jour et avec une discipline de fer, à se laisser submerger par toutes sortes d'images qu'ils retranscrivent fiévreusement ensuite sur de petits carnets. Le résultat de leurs travaux ne ressemble à rien de connu.

Agencé en huit chapitres, Les Champs magnétiques déroule une série de textes, sous forme de proses et de vers, aussi étranges que beaux, parfois sans queue ni tête, mélanges saisissants d'images qui ne collent pas naturellement entre elles, et dont la trame semble composée sur le principe du cadavre exquis :

« La fenêtre creusée dans notre chair s'ouvre sur notre cœur.

On y voit un immense lac où viennent se poser à midi des libellules mordorées et odorantes comme des pivoines.

Quel est ce grand arbre où les animaux vont se regarder ?

Il y a des siècles que nous lui versons à boire.

Son goûter est plus sec que la paille et la cendre y a des dépôts immenses. »

Atypique, étrange, l'ouvrage étonne, et même dérange, les lecteurs qui le découvrent à la fin du mois de mai 1920, lors de sa parution aux éditions Au sans pareil. Évidemment, l'ouvrage de Breton et Soupault laisse également dubitatifs plusieurs commentateurs.

Dans son édition du 15 juillet, La Lanterne se fend d'un billet mi-figue mi-raisin :

« Leurs “champs” – qui sont peut-être des chants – sont-ils si magnétiques qu'ils font figure de le croire ? On n'en jurerait.

Mais ils possèdent un vocabulaire étendu et sonore, une phrase pleine, solide et, dans la prose, sont parfois intelligibles.

Leurs vers sont moins transparents, et ils n'ont pas l'emportement futuriste de Marinetti dont on parlait précédemment. »

Dans son édition du 4 septembre, le plus conservateur L'Intransigeant – dans lequel Soupault écrira quelques années plus tard – se montre plus critique encore, parlant de « divertissement » plus que de poésie.

« Les Champs Magnétiques, de MM. André Breton et Philippe Soupault (Au Sans Pareil, édition) est un recueil de proses et de vers. Proses et vers d'une lecture difficile.

Recherche du synthétique. Poursuite de l'instantané, du fugace, du soudain ; expression de l'éclat brusque, du rêve naissant et fuyant, des idées en bribes, miettes, poussières par le procédé de l'analogie amputée et de l’ellipse fragmentée.

C'est une sollicitation constante à l'imaginaire du lecteur :

“Raide tige de Suzanne inutilité surtout village de saveurs avec une église de homard.

Suintement cathédrale vertébré supérieur.”

Pris d'ensemble, ce livre est d'une tristesse lunaire. Il est bien possible que tous ces jeux ne soient qu'un divertissement spleenétique. »

Considérés a posteriori par André Breton, et de nombreux critiques, comme le tout premier ouvrage surréaliste, c’est-à-dire définitivement affranchi du mouvement Dada, Les Champs magnétiques ont ouvert une brèche dans la pensée des artistes et intellectuels des années 1920, en leur fournissant une clé afin d’explorer de nouveaux territoires mentaux et artistiques.

Le surréalisme, quant à lui, naîtra officiellement cinq ans plus tard, en 1924, sous la plume de Breton qui rédigera le premier manifeste officiel de ce mouvement artistique hors du commun.

Mots-clés

surréalismeAndré BretonPhilippe Soupaultpoésie
Arnaud Pagès

Ecrit par

Arnaud Pagès

Arnaud Pagès est journaliste depuis plus de 15 ans. Il est passé, entre autres, par Technikart et Clark Magazine. Il collabore aujourd'hui régulièrement avec RetroNews, Usbek & Rica, l'Atelier BNP Paribas, Detours, VICE et Slate.

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