Écho de presse

Lorsque le jazz s’attirait les foudres des critiques français

le par

Le jazzman E. de Grace, 1931, Agence Meurisse - source : Gallica-BnF

En 1939, le be bop révolutionnaire n’a pas encore fait son apparition que le jazz fait déjà débat dans les parutions culturelles. En des termes, sans surprise, extrêmement racistes. 

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Le vendredi 23 juin 1939, dans les colonnes de la publication artistique Le Ménestrel, l’heure n’est pas à se demander à quelle date la Wehrmacht franchira nos frontières. Non, le moment semble plus propice pour un rappel à l’ordre culturel.

Selon le rédacteur en effet, le jazz, cette musique noire venue des quartiers populaires des États-Unis, est devenue, au cours des années 1920 puis 30, trop en vue, s’est imposée sur le continent européen (en France, donc) avec trop de fougue. Et il est grand temps d’y mettre le holà.

En convoquant George Duhamel et son paragraphe sévère sur le jazz paru neuf ans plus tôt dans ses Scènes de la vie future, le critique Robert Le Grand va donc tenter de mettre à jour la réflexion du futur membre de la Résistance dans un papier à charge, au titre sans équivoque : « Les Abus du jazz ».

« Au fond, est-ce à tort ou à raison que M. Duhamel fouaille aussi vertement une forme musicale semblant s’implanter, s’incruster, voire s’imposer presque insolemment au concert et au théâtre ? »

Et quoiqu’il tienne à « aborder la question sans hargne » et loin des « vanteries du plus criant snobisme », la réponse du critique s’impose cependant d’elle-même : c’est, évidemment, à raison.

Si certains journalistes et autres tenants de l’avant-garde voient alors le jazz comme une musique populaire, dure et rebelle évoquant les errances au speakeasy et les hot clubs de la Nouvelle-Orléan...

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