Écho de presse

« Citizen Kane », le chef-d'œuvre qui divisa la critique française

le par

Orson Welles dans « Citizen Kane », 1941 - source : WikiCommons

Le premier film d'Orson Welles sort en France à l'été 1946, précédé d'une aura de chef-d'œuvre. Dans la presse grand public, toutefois, les critiques sont divisés devant ce film « typiquement américain », la plupart criant au génie, et quelques-uns à l'esbroufe.

Une luxueuse demeure isolée. À l'intérieur, un vieil homme rend son ultime soupir en prononçant un mot mystérieux : « Rosebud ». Commence alors l'enquête d'un journaliste déterminé à savoir ce que le milliardaire Charles Foster Kane, magnat de la presse réputé pour son intransigeance et sa mégalomanie, a bien pu vouloir dire au moment de mourir...

Tout le monde connaît l'intrigue du célèbre Citizen Kane d'Orson Welles, jeune réalisateur, auteur et acteur à l'origine de ce qui est souvent considéré comme l'un des plus grands films de toute l'histoire.

Pourtant, en 1946, lorsque les critiques français découvrent ce premier long-métrage cinq ans après les Américains (Seconde Guerre mondiale oblige), plusieurs d'entre eux sont déconcertés. Si la structure du film, ses audaces formelles, son rythme d'une vivacité inédite transportent nombre de spectateurs, d'autres vont rester de marbre.

Parmi les enthousiastes, Christian Megret dans Carrefour est dithyrambique :

« S'ils ont là-bas, en réserve, beaucoup d'engins de la même force que ce “Citizen Kane”, l'offensive est gagnée d'avance. Sur le terrain de l'art.

Pour ce qui est du commerce, je ne sais. Le pétard éclate à belle hauteur. La gent moutonnière qui, le plus régulièrement, subit le tropisme des salles obscures n'en sera pas, sans doute, tout entière affectée. N'importe comment, et d'ores et déjà, quelle victoire de prestige ! [...]

Car l'intelligence est là, sans cesse présente, et dans le flot des images passe le cortège des idées. Le monde et l'homme réels sont là, appréhendés. Avec rudesse, avec finesse [...]. Partout est la marque du virtuose. Dans les dialogues, avec des phrases de ce genre : “Ça n'est pas difficile de gagner de l'argent quand on ne pense qu'à ça !” Dans la photographie, souvent volontairement fuligineuse et où jamais napperait l'agaçante intention de plaire [...].

Et puis il y a Orson Welles l'acteur. »

Pour Jean-Charles Reynaud de L'...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.