Écho de presse

Le jour où Courbet a refusé la Légion d'honneur

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Une de L'Eclipse par André Gill : le peintre Gustave Courbet allume sa pipe avec le ruban de la Légion d'honneur, 1870 - source : RetroNews-BnF

Dans une lettre retentissante publiée par la presse le 24 juin 1870, Gustave Courbet refuse la distinction honorifique proposée par le ministre des Beaux-Arts. « L'honneur n'est ni dans un titre ni dans un ruban, il est dans les actes et dans le mobile des actes », écrit le peintre.

L'épisode a lieu à la toute fin du Second Empire. Le 18 juin 1870, sur la proposition de son ami le ministre des Beaux-Arts Maurice Richard, Gustave Courbet est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Mais le célèbre peintre d'Un enterrement à Ornans et de L'Origine du monde n'a pas demandé cette décoration.
 

Fervent républicain, il va refuser la distinction qui lui est proposée dans une lettre que publie le journal Le Siècle le 24 juin. Le texte va faire sensation.
 

En préambule, le quotidien, de tendance républicaine modérée, note avec satisfaction que « de tels refus sont rares, plus rares en notre temps qu'à toute autre époque ». Courbet écrit :

« Monsieur le ministre,
 

C'est chez mon ami Jules Dupré, à l'Isle-Adam, que j'ai appris l'insertion au Journal officiel d'un décret qui me nomme chevalier de la Légion d'honneur. Ce décret, que mes opinions bien connues sur les récompenses artistiques et sur les titres nobiliaires auraient dû m'épargner, a été rendu sans mon consentement, et c'est vous, monsieur le ministre, qui avez cru devoir en prendre l'initiative.

 

Mes opinions de citoyen s'opposent à ce que j'accepte une distinction qui relève essentiellement de l'ordre monarchique. Cette décoration de la Légion d'honneur que vous avez stipulée en mon absence et pour moi, mes principes la repoussent. En aucun temps, en aucun cas, pour aucune raison, je ne l'eusse acceptée. Bien moins le ferai-je aujourd'hui, que les trahisons se multiplient de toutes parts, et que la conscience humaine s'attriste de tant de palinodies intéressées. L'honneur n'est ni dans un titre ni dans un ruban, il est dans les actes et dans le mobile des actes. ...

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