Écho de presse

La liste Otto : les livres prohibés en France par l'occupant nazi

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Liste Otto : ouvrages retirés de la vente par les éditeurs ou interdits par les autorités allemandes, 1940 - source : Gallica-BnF

Pendant l'Occupation, les Allemands mettent au point avec les éditeurs français une liste de livres « indésirables », et donc retirés de la circulation. Plus d'un millier de titres où l'on trouve pêle-mêle des ouvrages de Freud, De Gaulle, Marx, Aragon ou encore Thomas Mann.

Août 1940, deux mois après la signature de l'Armistice. Les Allemands, désormais maîtres de la France, se montrent soucieux de soumettre le monde de l'édition française.

 

En effet, comme le note Olivier Bessard-Banquy dans La Fabrique du livre, l'édition française au XXe siècle, les cadres allemands considèrent que « leur politique d’asservissement de l’Hexagone ne peut être acceptée à Paris et ailleurs que si les intellectuels montrent le chemin et justifient cette génuflexion de la pensée française devant la puissance de la culture frappée de la croix gammée. »

 

Pour mettre au pas les éditeurs, ils vont donc mettre en place une première liste de livres interdits, la « liste Bernhard ». Celle-ci, élaborée à Berlin, comprend 143 livres « politiques ». Quelque 700 000 ouvrages, aussitôt saisis par les autorités, sont mis au pilon.

 

Mais cette première liste, entièrement conçue par les Allemands, va bientôt être remplacée par une seconde, la « liste Otto », nommée en référence à Otto Abetz, l'ambassadeur d'Allemagne à Paris. Cette fois, la liste est établie par la Propaganda Abteilung (le service de propagande allemand) en collaboration avec le Syndicat des éditeurs français : Henri Filipacchi, chef du service des librairies à Hachette, entreprise-clé dans la distribution des livres en France, en rédige la première version.

 

Outre le retrait des livres sélectionnés, les éditeurs s'engagent à ne pas publier d'ouvrages qui « puissent, ni ouvertement, ni d’une manière dissimulée sous quelque forme que ce soit, nuire au prestige et aux intérêts allemands ». En échange, ils reçoivent la garantie de pouvoir poursuivre leur activité. En acceptant d'exercer eux-mêmes le contrôle sur leurs publications, beaucoup espèrent échapper à une intrusion directe dans leur entreprise.

En préambule de la liste, qui paraît le 4 octobre 1940 dans la ...

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