Écho de presse

Arthur Cravan : boxeur, provocateur, mystificateur, poète

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Le provocateur Arthur Cravan en maillot de bain, 1912 - source : Gallica-BnF

Paris, New York, Barcelone ou Mexico : le poète et pugiliste Arthur Cravan, neveu par alliance d'Oscar Wilde, créa le scandale partout où il passa, jusqu'à sa disparition inexpliquée en 1918.

Le 1er mai 1912, la revue littéraire Le Mercure de France annonce la parution du premier numéro d'une revue poétique et critique intitulée Maintenant. On y trouve un poème, Sifflet, cité dans l'article, et un texte sur Oscar Wilde. Le seul et unique rédacteur de cette nouvelle parution, Arthur Cravan, qui se présente comme le neveu de l'auteur du Portrait de Dorian Gray, est alors parfaitement inconnu du monde des lettres.

Pour Le Mercure, les vers de Cravan « indiquent évidemment un poète inquiet de nouveau, et doué de lyrisme », dans la veine de l'Américain Walt Whitman. Le Journal des débats, qui fait également la promotion de Maintenant, écrit quant à lui :

« Il y a dans ces vers une énergie juvénile, une fraîcheur et une force de sensation qui passent dans les mots.

Certains sentiments comme celui du froid quand on respire, certaines notations comme l'aspect des passagers d'un transatlantique “qui regardaient basculer la ligne de flottaison” sont tout à fait d'un poète. »

Qui est Arthur Cravan ? Sa biographie est semée de chausses-trapes et il est difficile de démêler le vrai du faux, lui-même s'étant plu à entretenir toutes sortes de légendes sur son compte. 

Né le 22 mai 1887 à Lausanne, dans une famille bourgeoise issue d'Angleterre, il s'appelle en réalité Fabian Avenarius Lloyd. La sœur de son père, Constance Mary Lloyd, a épousé Oscar Wilde en 1884, avant que leur union ne s'achève dans l'opprobre à cause de l'immense scandale provoqué par les mœurs sulfureuses de l'écrivain irlandais, mort en 1900.

Très jeune, Fabian se passionne pour le sport : nage, football, gymnastique. Rêvant d'aventures, il s'émancipe rapidement du giron familial. À seize ans, quittant le collège britannique où il a été placé, il part à Londres, où il dort quinze jours sous les ponts. Sa famille l'envoie à New York, chez des amis : de là, il aurait fugué pour la Californie.

L'année suivante, on le retrouve à Berlin, où d'après Blaise Cendrars, qui l'a connu plus tard, il fréquente les drogués et les homosexuels des boîtes de nuit du Kurfürstendamm. Puis en 1906, il s'engage comme homme de chauffe sur un cargo, avant de devenir bûcheron en Australie.

De retour en Europe, il s'installe en 1909 à Paris, où il commence à fréquenter le milieu des jeunes artistes américains. Parallèlement, il s'adonne avec son frère à son sport favori, la boxe, remportant même le titre de champion de France des demi-lourds le 14 mars 1910 – son adversaire ne s'étant pas présenté à la finale. En 1912, il se choisit le pseudonyme de Cravan en hommage à sa fiancée du moment, née à Cr...

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