Écho de presse

George Orwell, l’écrivain qui avait « l’horreur de la politique »

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Photos d'Eric Blair (George Orwell) archivées à la Police métropolitaine de Londres, circa 1920 - source : The National Archives-WikiCommons

George Orwell (1903-1950) n’est devenu célèbre en France qu’après sa mort, avec la traduction de son monumental 1984. Pourtant, la presse hexagonale s’était, dès les années 30, discrètement intéressée au prolifique écrivain britannique.

Unanimement célébré en Grande-Bretagne, George Orwell, de son vrai nom Eric Blair, est aujourd’hui l’un des écrivains anglais les plus connus en France. Une célébrité qu’il doit à 1984, toujours régulièrement listé parmi les meilleurs romans de science-fiction de tous les temps, aux côtés de Dune de Frank Herbert ou de Fondation d’Isaac Asimov. 

Mais cette reconnaissance, tardive chez nous (elle n’a eu lieu qu’après sa mort en 1950, l’année même de la traduction de 1984), éclipse souvent une œuvre prolifique de romancier, mais aussi d’essayiste et de journaliste viscéralement engagé dans les combats de son temps.

Une partie de la presse française, pourtant, avait remarqué le Britannique dès les années 30, rendant hommage au talent de ce écrivain qui avait « l’horreur de la politique » mais ne parlait que de ça, et qui a laissé avec Le Quai de Wigan, Hommage à la Catalogne ou La Ferme des animaux quelques-uns des grands livres du XXe siècle. 

C’est en 1935 qu’Orwell est traduit pour la première fois en France. Paru sous le titre La Vache enragée (et plus tard sous celui de Dans la dèche de Paris à Londres), son livre Down and Out in Paris and London est le récit de l’errance de l’auteur à travers les quartiers pauvres des capitales française et anglaise à la fin des années 1920 et au début des années 30. Orwell y fait un tableau accablant de ce qu’on appelle alors les « bas-fonds » des grandes villes.

Le célèbre critique André Billy se montre très élogieux dans Gringoire en septembre 1935, comparant son travail à celui de Jack London, qui s’était lui aussi, dans Le Peuple de l’abîme, livré à une longue incursion parmi les couches populaires la capitale britannique :

« Êtes-vous déjà descendu dans les sous-sols, dans les cuisines d'un palace, à l'heure du coup de feu ? C'est une petite excursion que je viens de faire en compagnie d'un jeune écrivain anglais, M. George Orwell, et je vous avoue en être revenu profondément horrifié [...].

Il n'a pas, nous dit-il, beaucoup plus de trente ans. Après avoir fait partie de la police impériale aux Ind...

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