Écho de presse

De « L’Ange bleu » à l’antinazisme : quand Marlene Dietrich subjuguait la presse

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Marlene Dietrich, photo publicitaire pour « Shanghaï Express », 1932 - source : WikiCommons

Révélée en 1930 dans L’Ange bleu de Josef von Sternberg, l’actrice allemande Marlene Dietrich fascina le public de l’entre-deux guerres avec ses personnages de femmes fatales. Scrutée avec avidité par les médias de l’époque, elle s’engagea aussi publiquement contre le nazisme.

« Marlene Dietrich » : ce patronyme, qui « commence par une caresse et finit par un coup de cravache », dixit Jean Cocteau, Marie Magdalene Dietrich l’avait forgé elle-même en contractant ses deux prénoms. L’actrice la plus célèbre des années 1930, qui transfigura par sa présence magnétique certains des meilleurs films de la période, savait comment marquer les esprits.

Ses débuts, dont elle refusait catégoriquement de parler, furent pourtant assez obscurs. Née en 1901 à Schöneberg (une commune aujourd’hui intégrée à Berlin), elle débute sa carrière au théâtre puis, au fil des années 1920, enchaîne les rôles dans des films allemands mineurs. En 1929, le journal La Critique cinématographique note laconiquement, à propos de son apparition dans L’Énigme de Curtis Bernhardt, que Marlene Dietrich « nous fait penser à Greta Garbo ».

C’est la dernière fois qu’un journal la compare à quelqu’un d’autre : son film suivant, L’Ange bleu de Josef von Sternberg (1930) va la faire entrer dans la légende.

Le film raconte la déchéance d’un vieux professeur d’université (Emil Jannings) tombé amoureux d’une chanteuse de cabaret. Il suffit d’une scène – celle où l’actrice, en porte-jarretelles, chante « Ich bin von Kopf bis Fuss auf Liebe eingestellt » ( « Je suis, de la tête aux pieds, faite pour l’amour ») – pour que Dietrich s’impose comme une star.

Quand L’Ange bleu sort en France, la critique (masculine à une écrasante majorité) est entièrement subjuguée. Dans Pour vous, Jean Lenauer écrit : 

« Marlene Dietrich, créant un nouveau type de femme cinématographique, a suscité en nous un intérêt d’une puissance extraordinaire. Cette femme, à la voix traînante, sensuelle d’une manière directe, enveloppe le spectateur dès le premier abord. Le contact avec le public est établi dès qu’elle paraît sur l’écran [...].

Quelqu’un a dit d’elle : "Ce n’est plus du sex-appeal, c’est un appel plus direct..." »

Comoedia renchérit :

« Elle a campé un type de femme dont la beauté fait impression, non pas sur le cœur, mais sur les sens. Le laisser-aller de sa tenue — obligée dans un "beuglant" — sa voix canaille, aux inflexions graves et molles, ne porte pa...

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