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1834 : Le Charivari condamné par « la poire » Louis-Philippe

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Une du Charivari le 27 février 1834 - source : RetroNews-BnF

Pour faire état de sa répression abusive, le Charivari de Charles Philipon reproduit en Une sa condamnation en cour d’assises sous les traits de la fameuse poire, signe du roi Louis-Philippe et de son régime honni.

Née en novembre 1830 dans le sillage de la libéralisation de la presse des débuts de la Monarchie de Juillet, La Caricature de Charles Philipon est le « grand » titre satirique du règne de Louis-Philippe avec son cousin Le Charivari, crée également par Philipon. Leur ton ouvertement caustique vis-à-vis des sphères politiciennes engendre, sans surprise, de nombreux procès (sept entre 1832 et 1834, accompagnés de quatre condamnations !), et met les deux titres sous le double projecteur du public et du judiciaire.

Lors d’une énième audience, le 14 novembre 1831, Philipon se défend d’avoir caricaturé le « roi des Français », prétextant notamment que n’importe quel dessin peut l’évoquer à partir du moment où l’on est convaincu du crime de lèse-majesté potentiel de celui-ci ; pour appuyer son argumentation, il dessine, en plein tribunal, une série de quatre croquis où le visage du monarque se transforme graduellement en poire. Il ajoute :

« Ce croquis ressemble à Louis-Philippe, vous condamnerez donc ? Alors il faudra condamner celui-ci qui ressemble au premier. Puis condamner pour cet autre qui ressemble au second… Et enfin, si vous êtes conséquents, vous ne sauriez absoudre cette poire qui ressemble aux croquis précédents […] Avouez, Messieurs, que c'est là une singulière liberté de la presse ! »

Sans le savoir, il vient d’inventer la façon dont on se souviendra de Louis-Philippe dans le fu...

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