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Molière vu par Tristan Bernard, Sacha Guitry et Courteline

le par

J. P. Poquelin de Molière, estampe peinte par Garneray, 1796 - source : Gallica-BnF

En 1922, quatre grandes célébrités du théâtre de l’entre-deux-guerres sont interrogées par la Revue française au sujet du « maître » incontesté de la comédie de mœurs. Le trouvent-ils encore pertinent trois siècles plus tard ?

Pour fêter le tricentenaire de la naissance de Molière, l’auteur Jean Manéga rend visite à d’authentiques « stars » de la comédie française : Robert de Flers, Georges Courteline, Tristan Bernard et Sacha Guitry, tous à l’apogée de leur reconnaissance. De quelle façon le « grand » Poquelin les a-t-il influencés dans leurs travaux ? L’essence de l’homme s’est-elle modifiée en l’espace de trois siècles, et qu’en faire d’un point de vue dramaturgique ?

Sous leurs airs badins, les auteurs semblent simultanément reconnaître et ne savoir que faire de l’inspiration de celui que Courteline appelle « notre maître à tous ». Car en effet, il est fort possible que Molière exerce encore une certaine emprise sur la comédie des débuts du XXe siècle ; Tristan Bernard ne dit-il pas que les choses demeurent, comme au Grand Siècle, « assez plaisantes et les hommes, en général, assez bouffons » ?

Nous avons pensé qu'il serait intéressant de connaître l'avis des auteurs comiques de notre temps sur Molière. La Revue Française ayant bien voulu nous confier la mission d’interroger quelques-uns de ceux d’entre eux qui ont aujourd'hui la faveur du public, nous avons tour à tour rendu visite à MM. Georges Courteline, Tristan Bernard, Robert de Flers et Sacha Guitry.

Nous voudrions savoir nous-même manier le crayon et parer ainsi à l'insuffisance de notre plume pour vous représenter le bon Courteline. Comment trouver des mots assez heureux pour faire voir son amusante silhouette ? Il nous accueillit avec une bonhomie souriante et malicieuse et se défendit d’abord, avec la modestie qui convient, de toute parenté avec le grand Molière.

– Notre langue, nous dit-il, n’a plus la saveur, ni la force, ni la limpidité de...

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