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Regards s'invite chez Picasso à la suite de son « Guernica »

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Reproduction de « Guernica » de Pablo Picasso sur un mur de la ville de Guernica en Espagne - source : WikiCommons

29 juillet 1937. Pablo Picasso accueille l'intellectuel communiste Georges Sadoul dans ses ateliers de la rue des Grands Augustins, à Paris. L'artiste espagnol vient d'exposer le déjà célèbre « Guernica », monument d'art moderne et critique magistrale des infamies de la guerre.

Le 26 avril 1937, jour de marché, la petite ville espagnole de Guernica est bombardée par des avions allemands et italiens. Cette attaque atroce, notamment orchestrée par Hitler, est un massacre pur et simple de la population civile. Lorsque Pablo Picasso l'apprend dans la presse, il décide d'en faire le sujet d'un tableau gigantesque peuplé de corps souffrants aux figures anguleuses et tout en nuances de gris ; ce qu'il cherche : dépeindre au plus près l'horreur des derniers instants des habitants innocents.

Au mois de juillet, l'intellectuel communiste et futur historien du cinéma Georges Sadoul passe, pour Regards, une trentaine de minutes avec le chef de file du cubisme. Dans son atelier, une « immense pièce un peu ruinée », ils parlent d'art, de l'Espagne en guerre et du monde tel qu'il va. Mais le peintre se refuse à « expliquer » son nouveau chef-d’œuvre, exposé au pavillon espagnol de l’Exposition internationale quelques semaines plus tôt. Car comme le dit Sadoul, eh bien « à quoi bon ? » 

Une demi-heure dans l'atelier du grand Picasso, où le grand artiste exécuta sa monumentale peinture murale pour le Pavillon Espagnol à l'Exposition 

 

J’ai déjà monté, jadis, ce bel escalier aux marches basses qui conduit à l'atelier de Picasso. Cet atelier s'est établi dans le grenier où travaillait un des plus beaux espoirs au théâtre d'avant-garde français, l'acteur et metteur en scène Jean-Louis Barrault. C'est dans son « Grenier des Augustins » qu'a été répétée cette « Numance » du grand Cervantès, dont la représentation, cette année au théâtre Antoine, a été saluée par la critique tout entière comme un des plus importants événements théâtraux qui se soient produits depuis plusieurs années.

La mise en scène de « Numance » est à elle seule une sorte de poème épique, lyrique et passionné à la gloire de l'Espagne républicaine. Ce sont les mêmes qualificatifs qui peuvent être adressés à la magnifique peinture murale de Picasso : Guernica vient d'être placée au centre du pavillon espagnol de l'Exposition, et c'est le même et généreux esprit qui l'anime. Cette œuvre monumentale a été peinte dans ce « Grenier des Augustins ». Dans cet ancien palais du temps...

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