Chronique

Un deuil transnational : la mort accidentelle de la reine Astrid de Belgique

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« La jeune reine des Belges se tue en auto », Une de L’Ouest Eclair, août 1935 – source : RetroNews-BnF

Adorée des foules comme des chroniqueurs, la reine Astrid s’éteint à 29 ans à la suite d’un terrible accident de voiture en Suisse. Drame en Belgique, l’événement se répercute, hystérisé, partout en Europe.

29 août 1935, une puissante automobile américaine file sur la route bordant le lac des Quatre-Cantons, près de la discrète bourgade de Küssnacht, villégiature prisée du Gotha en goguette. Une embardée et la Packard saute le muret latéral avant de percuter violemment un arbre, éjectant son conducteur et la passagère. Démolie, la voiture dégringole et termine sa course dans les roseaux du paisible lac alpin.

Brisée, la passagère, qui n’est autre que la reine des Belges,  agonise sur l’herbe. Le conducteur, le roi Léopold III, gît un peu plus loin, blessé et en état de choc. Le chauffeur officiel, relégué à l’arrière du véhicule, s’extrait indemne de l’épave et accourt vers les corps gisants. Les secours s’activent, mais la jeune souveraine venue du nord qui avait conquis le cœur des Belges comme des Français, expire.

Car la reine Astrid, foudroyée à 29 ans, était adorée bien au-delà de la seule Belgique. Pour Le Journal, c’est « l’univers entier » qui pleure la jeune femme.

Bouleversante, sensationnelle, la terrible nouvelle foudroie et fige l’actualité européenne alors préoccupée par la montée des tensions entre l’Italie et l’Éthiopie, car le Duce réclame l’extension de ses colonies au détriment du royaume du Négus.

Elle éclipse aussi le décès – le même jour à Moscou – de l’écrivain pacifiste Henri Barbusse, prix Goncourt 1916. Et si L’Humanité réserve naturellement sa couverture à l’écrivain, le journal communiste dut laisser le couple royal à la Une ; un strapontin révélateur de l’importance de l’événement tragique.

Comble de malheur, c’est le second deuil royal qui frappe la Belgique. L’année précéden...

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