Écho de presse

Incendie à Marseille en 1938 : le déchaînement de la presse parisienne

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Les ruines des Nouvelles Galeries de Marseille, Le Petit Marseillais, 30 octobre 1938 - source : RetroNews-BnF

En octobre 1938, la catastrophe des Nouvelles Galeries de Marseille, qui fait 73 morts, sert de prétexte à un virulent débat politique droite/gauche à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

« C’est terrible ce qui arrive, il va finir comme Henri Tasso », confiait à l’AFP un élu du parti Les Républicains à propos du maire de Marseille Jean-Claude Gaudin au lendemain de l’effondrement meurtrier de deux immeubles, le 5 novembre 2018. Ironie calendaire, ce drame s’est produit quatre-vingt-ans quasiment jour pour jour après le gigantesque incendie des Nouvelles Galeries de Marseille, qui fit 73 morts en 1938 et coûta son poste au sénateur-maire socialiste Henri Tasso.

Dû à un mégot mal atteint, ce sinistre fut, dès le départ, analysé dans une perspective politique et réactiva la « mauvaise image » attachée à la cité méridionale.

« Qui commande ici ? Il n’y a donc pas de chef ? Pas un homme pour diriger ? C’est lamentable. » Ce 28 octobre 1938, le parti radical, alors au pouvoir, tient congrès à Marseille quand éclate l’incendie. « Témoin impuissant du sinistre », selon le quotidien Paris-Soir, le président du Conseil Édouard Daladier tempête.

Sa réaction reflète celle des autorités et de la presse parisienne, qui accusent la municipalité d’impréparation. Dès le 30 octobre, le quotidien L’Œuvre, qui deviendra bientôt collaborationniste, donne le ton dans son portrait d’une ville mal équipée (« Un incendie aussi violent que celui qui dévasta tout un quartier de Marseille n’aurait pu, à Paris, tourner en catastrophe ») et livrée au gangstérisme :

« Tandis qu’éclatait la panique dans les immeubles sinistrés, une bande d’écumeurs d’épaves fondait littéralement sur la Canebière, pénétrant dans les appartements menacés par les flammes en éventrant les meubles pour déménager les bijoux, l’argent et les objets de valeur... [...] 

Dans Marseille, on se posait, dès hier, d’angoissantes questions, et le bruit court que les malfaiteurs qui ont profité du désastre de la façon la plus odieuse auraient bien pu être à ...

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