Chronique

Suicide de René Crevel, poète surréaliste révolté

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Couverture de l’ouvrage « René Crevel , une étude de Charles Courtot », 1969 - source : Gallica-BnF

Le 18 juin 1935, on découvre le corps sans vie de René Crevel, qui s’est donné la mort chez lui en s’asphyxiant au gaz. La presse salue l’œuvre et la personnalité hors norme du poète.

« Ni la réalité, ni la surréalité ne sont belles pour des cœurs intransigeants. »

Lorsque le directeur de La République, Pierre Paraf, rend hommage à René Crevel dont le suicide vient d’être découvert, il évoque un artiste « dont les généreuses indignations étaient servies par un âpre talent satirique ».

L’écrivain et poète, surréaliste de la première heure, mais exclu du mouvement en 1935 et membre critique du Parti communiste depuis 1922, s’est donné la mort à son domicile, ne laissant qu’une note pour sa maîtresse, la comtesse argentine Tota Cueavs de Vera : 

« Prière de m’incinérer. Dégoût. »

Atteint de tuberculose, il méprisait la France bourgeoise et parlementaire de la IIIe République telle qu’il la décrivait avant sa mort dans les colonnes de Comœdia :

« Vice en pantoufle, adultères rondouillards, mesquinerie, lésine, sourire faussement bonhomme, au fond positivisme insensible jusqu'à la minute catastrophique, où, alors, la terreur pousse les esprits soi-disant libres à remettre Dieu à la mode, à s'en tirer une assurance sur la vie et sur la mort. 

Tous ces symptômes d'ailleurs accusent une maladie qui, pour être celle de la Troisième République, ne date point d’hier. »

L’une de ses amies, la poétesse Marie Laurencin, témoigne de son extraordinaire personnalité.

« Tu étais l'imprévu – vêtu de même,...

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