Écho de presse

"Dr Livingstone, je présume ?"

le 06/02/2024 par Pierre Ancery
le 10/05/2017 par Pierre Ancery - modifié le 06/02/2024
Le Dr Livingstone ; L'Univers illustré du 19 octobre 1872 ; source RetroNews

Parti en 1866 à la recherche des sources du Nil, le célèbre Dr Livingstone disparut pendant cinq ans sans donner de nouvelles. Jusqu'à ce qu'un certain Henry Stanley ne le retrouve.

Où est passé le Docteur David Livingstone ? C'est la question qui agite tous les journaux entre 1866 et 1871. Parti pour le lac Tanganyika où il espérait trouver les sources du Nil, le célèbre médecin et prêtre écossais, explorateur chevronné du continent africain qu'il est le premier Européen à avoir traversé d'est en ouest, est porté disparu pendant cinq années.

 

Après son départ à la tête d'une petite équipe de porteurs, en 1866, Le Siècle donne encore quelques nouvelles de lui : "À la date du 11 juillet, écrit le quotidien, M. Livingstone se trouvait dans l'intérieur de l'Afrique […]. On avait pu faire parvenir à l'illustre explorateur une nouvelle provision de quinine." Mais début 1867, le même journal annonce la mort de Livingstone, massacré par un "détachement de sauvages" :

 

"Le docteur Livingstone se trouvait avec le premier détachement, lorsqu'une bande de sauvages de race ou tribu mazite, de la famille des Cafres, s'est ruée sur lui […]. Il a tenu tête à ses assaillants, et c'est au moment où il rechargeait son fusil qu'il a été renversé par un coup de hache."

 

La nouvelle est démentie à la fin de l'année, en termes vagues, par un capitaine de navire anglais. Pendant les années qui suivent, Livingstone ne reparaît pas et on le déclare à nouveau mort en 1870, "tué et brûlé par des indigènes à 90 journées de voyage du Congo". Il semble alors que c'en soit fini du téméraire explorateur...

 

Mais le 10 novembre 1871, coup de théâtre : Henry Morton Stanley, un jeune journaliste britannique mandaté par le New York Herald pour retrouver Livingstone, arrive à Ujiji, un village au bord du lac Tanganyika. La scène qui suit est historique. Le XIXe siècle la racontera dans son édition du 6 juillet 1872 :

 

"Au moment où la procession entra dans la ville, M. Stanley aperçut, à droite de la route, un groupe d'Arabes, au centre duquel se tenait un homme blanc, pâle, la barbe grise, et dont le teint clair contrastait avec les visages hâlés qui l'entouraient. Passant de queue en tête de sa bande, le voyageur américain [sic] remarqua que cet homme blanc était vêtu d'une veste de laine rouge et portait sur sa tête une casquette de marin bordée d'un liseret d'or fané.

En un instant il reconnut que cet Européen ne pouvait être que le docteur Livingstone lui-même, et il allait se précipiter à sa rencontre pour l'embrasser, quand il se souvint qu'il était en présence d'une nombreuse troupe d'Arabes qui, habitués à cacher tous leurs sentiments, n'estiment les étrangers qu'autant qu'ils savent les imiter. La vue d'un grand chef arabe qui se tenait tout raide à côté de l'Européen décida Stanley à ne laisser percer aucun symptôme de sa joie et de son émotion.

S'avançant lentement au-devant de l'illustre voyageur, il s'inclina et dit : « Le docteur Livingstone, si je ne me trompe ? » Sur quoi celui auquel il s'adressait, et qui n'était pas non plus au-dessous de la circonstance, se borna à répondre avec un sourire ému : « Oui. »"

 

Malade et abandonné par ses porteurs, Livingstone s'était retiré dans ce petit village. Il accompagnera Stanley explorer le nord du lac Tanganyika, mais refusera de le suivre en Angleterre. Il meurt en mai 1873, à 60 ans, dans la région des lacs. Son corps embaumé sera envoyé en Angleterre, où il sera inhumé en grande pompe à l'abbaye de Westminster.

 

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Voyages d'exploration dans le Zambèze et dans l'Afrique centrale
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Livingstone, Cameron, Stanley
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