Écho de presse

1930 : Kessel sur la route des marchés aux esclaves

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Une caravane d'esclaves près du lac Assal, dans l'actuel Djibouti, Le Matin, 24 mai 1930 - source : RetroNews-Gallica

En 1930, le journaliste et écrivain Joseph Kessel se lance sur les traces des derniers marchés d'esclaves modernes. Ce grand reportage édifiant sera publié sur plusieurs semaines par le grand quotidien Le Matin

Quand, en 1930, Joseph Kessel convainc le journal Le Matin de financer son projet de grand reportage sur les marchés d’esclaves d'Afrique de l'est et d'Arabie, il a 35 ans et, déjà, une vie de voyage derrière lui. 

Écrivain et journaliste, mû par le goût du risque et de l’aventure depuis ses périlleuses missions en tant qu’aviateur pendant la Première Guerre mondiale, Kessel n’a de cesse de parcourir le monde à la recherche d’hommes et d’histoires dans lesquels il puise la matière de ses romans [voir notre article].

Au moment où Kessel débute son enquête, l’esclavage vient d'être aboli en Iran un an plus tôt. De même, l'Afghanistan, l'Irak et le Maroc l'ont interdit légalement au début des années 1920. Cependant, reste d'une culture alors encore présente aux alentours de la mer Rouge, il perdure dans sa forme la plus brutale dans trois États indépendants de la corne de l'Afrique et de la péninsule arabique. Ainsi, écrit-il :

« Si les États-Unis ont renoncé à la pratique de l'esclavage, si les nations européennes l'extirpent peu à peu et non sans peine de leurs colonies, de leurs protectorats, il y a encore, dans le bassin de la mer Rouge trois États indépendants qui ont gardé à la fois la beauté et la cruauté des âges primitifs.

Ils se nomment, en Afrique, l'Ethiopie et, en Asie, le Yémen et le Hedjaz. »

Kessel se lance donc sur les traces de ces « chasseurs d’hommes », accompagné de deux autres intrépides : le lieutenant de vaisseau Lablache-Combier et le médecin militaire Emile Peyré.

« Notre mission fut vite composée, le lieutenant de vaisseau Lablache-Combier, qui connait bien la mer Rouge, le plus charmant, le plus courageux, le plus actif garçon que l'on puisse rencontrer, le médecin militaire Emile Peyré, qui a fait deux ans de Sahara chez les méharistes, voulurent bien partir avec moi. »

L'époque est au journalisme narratif, dans lequel l...

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