Écho de presse

Le maintien de l’ordre en situation coloniale, une histoire

le par

Guerre du Maroc : distribution d'armes aux partisans à Taza, Agence Meurisse, 1930 – source : Gallica-BnF

Le « maintien de l’ordre », outil principal de domination, était au cœur de la situation coloniale. Il mettait aux prises les représentants des puissances coloniales et/ou leurs relais locaux avec les populations colonisées, en vue de lutter contre une prétendue anarchie.

Cet article est paru initialement sur le site de notre partenaire, l'Encyclopédie EHNE (Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe).

-

Maintenir l’ordre est l’une des principales justifications des tutelles occidentales sur de vastes pans du globe. Il s’agit, en effet, de lutter contre l’« anarchie » qui règnerait dans les territoires non européens, et ce, afin de garantir les intérêts économiques des puissances impériales.

Néanmoins, l’historiographie ne s’est intéressée que tardivement à cette question. Il faut attendre les années 2010 pour que de nouvelles recherches mettent en évidence certains invariants du maintien de l’ordre en situation coloniale, communs à tous les empires, indépendamment du statut administratif des territoires (colonies, protectorats, administration directe ou Indirect rule).

Les principales caractéristiques du maintien de l’ordre en situation coloniale

La frontière entre (r)établissement et maintien de l’ordre, c’est-à-dire entre la guerre et les opérations de police, est particulièrement poreuse en situation coloniale, les mêmes acteurs exerçant indistinctement l’une et l’autre prérogative. Il est essentiellement l’œuvre de militaires ou d’anciens soldats.

Les Européens n’ont pas le monopole du maintien de l’ordre en situation coloniale : ils sont assistés par de nombreux « indigènes » (Mokhazenis marocains, policiers du Pangreh Praja en Indonésie ou gardes indigènes malgaches par exemple). Ainsi, la garde indigène malgache étudiée par Nicolas Courtin a pour fonction principale de faire rentrer l’impôt et de réprimer ceux qui s’y dérobent. Les agents indigènes du maintien de l’ord...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.