Chronique

Exilés à la dérive : l’Affaire des « Polonais du Havre », 1834

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Illustration en faveur de la pièce historique « Les Polonais » d'Auguste Poitevin, 1831, estampe - source : Gallica-BnF

Pendant la monarchie de Juillet, tandis qu’un bateau de réfugiés polonais tente de faire escale dans le port du Havre, Louis-Philippe refuse, estimant que le nombre de réfugiés polonais en France est déjà trop important.

Le sort de L’Aquarius, bateau financé par l’ONG « SOS-Méditerranée » et venu au secours de 630 naufragés originaires d’Afrique subsaharienne, rejeté des ports italiens, maltais et français, a mis une nouvelle fois au jour la crise de l’asile en Europe.

La position de la France, consistant à refuser d’ouvrir l’un de ses ports au bateau mis en danger par des conditions maritimes difficiles, va à l’encontre d’une longue tradition d’hospitalité. Mais en réalité celle-ci mérite d’être interrogée, puisque dans son passé, le pays s’est déjà montré réticent à l’idée d’accueillir des bateaux transportant à leur bord des migrants, des exilés ou des déportés étrangers.

Le début de la monarchie de Juillet (1830-1848) a été marqué par l’affaire des « Polonais du Havre » dont la presse de l’époque s’est fait l’écho. À la fin du mois de novembre 1833, près d’un millier d’anciens insurgés polonais qui avaient participé à l’insurrection de Varsovie (1830-1831) puis faits prisonniers par le Royaume de Prusse, ont été déportés collectivement vers les États-Unis, avec l’accord du département d’État américain.

Trois navires emportant à leur bord les captifs ont quitté le port prussien de Dantzig (Gdansk) pour New York le 24 novembre.

Quelques semaines plus tard, le 5 janvier 1834, le quotidien li...

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