Chronique

Mutineries et question nationale en 1918 : les marins de Cattaro

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Une reunion de mutins à bord d’un bateau austro-hongrois sur la baie de Kotor en février 1918 - Source Wikicommons

Février 1918, une révolte des marins austro-hongrois éclate dans les bouches de Cattaro (Kotor). Dans le lent écho qu'en donne la presse française, les revendications d'insuffisances alimentaires et de classe se mêlent de fortes aspirations nationales. Une chronique de l'historien Nicolas Offenstadt.

La mer Adriatique n’est pas un front central de la Grande Guerre, ni le terrain de grandes batailles navales. Elle est cependant au coeur d’importants enjeux stratégiques et des combats s’y déroulent entre la marine italienne et la marine austro-hongroise, notamment sous forme de raids. Cette dernière y dispose du port de Cattaro (Kotor, aujourd’hui au Monténégro), favorablement situé au fond d’une rade. 



Début février 1918, des milliers des marins s’y révoltent pour dénoncer l’insuffisance de la nourriture et la mauvaise qualité du ravitaillement. Ils s’indignent également des privilèges des officiers et de leurs familles qui reçoivent des rations bien meilleures et exercent un pouvoir arbitraire.

Les grèves à l’arrière se multiplient et les ouvriers des arsenaux participent à la révolte. C’est là un contexte d’ensemble. 

Parmi les marins, sensibles aussi au piétinement des négociations avec la Russie, il y a de nombreux Slaves du Sud (Croates, Slovènes) aux fortes aspirations nationales. Ils sont d’ailleurs surreprésentés dans la Marine austro-hongroise, pour des raisons géo...

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