Chronique

Juillet 1675 : la France pleure la mort du maréchal de Turenne

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Portrait de Turenne, à mi-corps, de 3/4 dirigé à droite, estampe anonyme - source : Gallica-BnF

Pendant la guerre de Hollande, le grand chef d’armée de Louis XIV Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, est tué au combat. S’ensuit une longue cérémonie mortuaire, préfigurant l’idée de « deuil national ».

Le samedi 27 juillet 1675, aux alentours de deux heures de l’après-midi, sur le champ de bataille de Salzbach, près d’Achern, en pays de Bade, pendant la guerre de Hollande (1672-1678), se produit un événement retentissant, dont la Gazette se fit l’écho, en amplifiant par là-même les répercussions mémorielles : la mort du plus grand capitaine de son temps – dont la carrière et la fin tragique au champ d’honneur éclipsèrent nombre de chefs de guerre de renom jusqu’à Napoléon 1er qui voyait d’ailleurs en lui un « génial précurseur » (Jean Bérenger) –, le maréchal-général des camps et armées du roi, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675), vicomte de Turenne. La Cour de France apprend la nouvelle le lundi 29 juillet.

Stratège remarquable à « l’expérience consommée » (Gazette de juillet 1675) guerrier intrépide, tacticien n’hésitant pas à discuter des ordres de Louis XIV et de son ministre Louvois lorsqu’il les estimaient insuffisamment avisés, calviniste puis catholique non fanatique, honnête homme croyant et charitable comme les effets du concile de Trente et de la Contre-Réforme avaient pu en créer en ce « Grand siècle », Turenne est tué par un biscaïen tiré au hasard par le nommé Koch, canonnier impérial des troupes de son vieil adversaire, Raimondo de Montecuccoli (1609-1680). Celui-ci, apprenant la mort de Turenne, aurait dit à ses hommes : « il est mort aujourd’hui un homme qui faisait honneur à l’Homme ». Et, élégant et conscient de la perte, de laisser aux troupes françaises deux jours de répit.

Dans une lettre du mercredi 31 juillet adressée au comte de Grignan, son gendre, la marquise de Sévigné, relate, bouleversée, « une des plus fâcheuses pertes qui pût arriver en France » :

« C’est la mort de M. de Turenne, dont je suis assurée que vous serez aussi touché et aussi désolé que nous le sommes ici.

Cette nouvelle arriva lundi à Versailles : le roi en a été affligé, comme on doit l’être de la mort du plus grand capitaine et du plus honnête homme du monde ; toute la cour fut en larmes, et M. de Condom...

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