Chronique

1830-1832 : l'Albanie se soulève contre le sultan

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Photo de Tirana, actuelle capitale de l'Albanie, Agence Rol, 1912 - source : Gallica-BnF

Conséquence indirecte des velléités d’indépendance de la Grèce et de la Serbie vis-à-vis de la Sublime Porte, une grande famille aristocrate albanaise s’insurge, en 1830, contre le « grand vizir » au nom de la charia et contre la rénovation de l’empire.

L’histoire de l’Empire ottoman peut être envisagée comme une longue succession de mouvements de résistance à l’encontre du contrôle central d’Istanbul sur ses provinces. Au XIXe, siècle des nationalismes, certains de ces mouvements réussissent leur transformation en véritables mouvements de libération des peuples ; on parle alors d’une « révolution », qui aboutit à une autonomie comme dans le cas de la Serbie, ou à une indépendance comme dans le cas de la Grèce.

D’autres en revanche, réprimés rapidement par la Sublime Porte, n’ont pas eu droit de cité dans les annales historiques, au point d’être presque oubliés aujourd’hui, si ce n’est les quelques traces qu’ils ont laissées dans les archives et la presse de l’époque.

Tel fut le cas d’une grande révolte déclenchée au nord de l’Albanie, dans la région de Shköder – « Scutari » dans la presse française de l’époque – en 1830 par Mustafa Pacha Bushatli (1797-1860), chef d’une grande famille de notables albanais musulmans qui gouvernait la région depuis 1757.

Mustafa Pacha Bushatli, qui a déjà mené au nom du sultan des opérations contre Ali Pacha de Tepelenë (1744-1822) ou des insurgés grecs, commence à se méfier de Mahmud II (r. 1808-1839) après la mainmise du pouvoir central sur le pachalik de Jannina en 1822. Les séquences ultérieures de la révolution grecque, la destruction des janissaires en 1826 et la guerre russo-ottomane de 1828-1829 reportent le conflit imminent entre le sultan centralisateur Mahmud II et Mustafa Pacha Bushatli, l’un des derniers potentats balkaniques.

La défaite des armées ottomanes devant les armées russes en 1829 vient alors de créer une incertitude politique dans les Balkans, où les horizons d’attente des élites locales s’élargissent considérablement.

C’est le Journal des débats politiques et littéraires du 27 juin 1830 qui fait la première mention de la révolte en soulignant son ampleur :

« Des mouvemens importans [sic] se manifestent en Bulgarie et en M...

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