Chronique

1944 : Début de la fin des minorités en Europe centrale

le par

Réfugiés allemands en Prusse orientale, Pologne, 1945 - source : Bundesarchiv-WikiCommons

La fin de la Seconde Guerre mondiale a marqué la fin de la présence d’importantes minorités ethniques ou nationales en Europe centrale et orientale. Des déplacements forcés impulsés par les États, en particulier soviétique, ont parachevé la refonte des populations.

Cet article est paru initialement sur le site de notre partenaire, le laboratoire d’excellence EHNE (Encyclopédie pour une Histoire nouvelle de l’Europe).

La Seconde Guerre mondiale et ses conséquences sont l’occasion d’immenses mouvements de populations qui marquent la quasi-disparition des minorités ethniques en Europe centrale et orientale.

Ces régions étaient au début du XXe siècle situées au confluent d’aires culturelles dominantes, de grandes puissances dynastiques impérialistes et de traditions autochtones avivées par des nationalismes récents. Ce vaste territoire allant des frontières actuelles de l’Allemagne à celles de la Russie et de la Baltique à la mer Noire, fondait une partie de son identité sur le pluralisme multiethnique et était perçu comme des zones mal définies de passages et d’échanges où se mêlaient les populations, généralement perçues par le prisme des « nationalités », c’est-à-dire des catégories ethniques sanctionnées par les administrations et durcies depuis la fin du XIXe siècle. Polonais, Ukrainiens, Allemands, Juifs, Tchèques ou Hongrois pouvaient ainsi apparaître selon les régions ou les villes comme une minorité nationale, parfois source de tensions.

Ces zones frontières sont ébranlées une première fois lors du triomphe du principe national consacré lors du moment wilsonien de la conférence de la Paix de Paris qui clôt la Première Guerre mondiale. Les nouveaux États nationaux indépendants font valoir la présence de nationalités majoritaires pour étendre au plus loin leurs frontières et intègrent ainsi d’importantes populations minoritaires. La Pologne, les régions tchèques ou la Transylvanie roumaine abritent ainsi près d’un tiers de minorités.

Afin de régler la « question des minorités » qui n’a cessé d’agiter l’Europe centrale et orientale pendant l’entre-deux-guerres et qui a été attisée plus encore pendant la Seconde Guerre mondiale, les États ...

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