Chronique

11 novembre 1920 : Le cœur de Gambetta entre au Panthéon

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Un soldat français transportant le cœur de Léon Gambetta, Le Matin, 1920 – source : RetroNews-BnF

En vue de célébrer les deux ans de l’armistice de la Grande Guerre, l’État décide d’inhumer un « soldat inconnu » tombé pour la patrie au Panthéon. Dans le même cortège, les viscères du héros républicain Léon Gambetta sont rapatriés dans l’antre des « grands hommes ».

Au début du mois de novembre 1920, la France décide d’inhumer, le 11 novembre, un « soldat inconnu » de la Première Guerre mondiale, un anonyme qui représenterait alors tous les Français morts pour la Patrie. Or, cette date coïncide précisément avec un événement déjà programmé : l’entrée de Gambetta – ou plus exactement, de son cœur – au Panthéon, pour commémorer le cinquantenaire de la IIIe République.

L’idée d’inhumer un soldat inconnu était apparue tôt, dès la sortie de guerre avec deux propositions de loi, l’une en 1918, l’autre en 1919 : le Panthéon était alors le lieu tout désigné.

C’est la presse, et plus précisément Le Journal, par l’intermédiaire du journaliste Henry Vidal, qui est, en 1919, à l’initiative du projet. A partir du 14 septembre 1919, Le Journal se fait le principal vecteur de diffusion de cette information parmi la société française. Ce quotidien qui tire à plus d’un million d’exemplaires en 1913, défend le principe de l’inhumation du Soldat inconnu au Panthéon.

« J’ai souhaité posséder, ne serait-ce qu’une heure, le don d’entraînement, le don subtil de la persuasion, pour y associer tout le peuple de France, et qu’ensuite le vœu de ce peuple de France, irrésistible comme les saisons, fasse qu’au Panthéon soient déposés les ossements d’un héros ignoré, au nom de tous les morts tombés pour la Patrie. »

A travers les paroles de ce journaliste, c’est le lien entre la guerre et la nation qui apparait, et plus encore entre les morts de la Grande Guerre et la République.

Dès le lendemain, les réactions, multiples et diverses, sont relayées par la presse et surtout, toujours, par Le Journal. Le Journal met en avant les opinions enthousiastes mais ne peut cacher les désaccords qui apparaissent également. « De très nombreuses lettres approuvent le vœu sacré qui est soumis au Parlement » peut-on lire alors, mais on note également des éléments tels que « S. E. le cardinal Amette a refusé son consentement au projet que nous soutenons ».

En effet, si tous sont favorables à l’idée d’un soldat inconnu de la Grande Guerre commémoré le 11 novembre, le Panthéon com...

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