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Chronique

1938 : le conflit sino-japonais selon Robert Capa

Tandis que la guerre fait rage entre les armées chinoise et japonaise depuis l’été précédent, le photoreporter Robert Capa quitte le front espagnol et embarque pour la Chine. Ses photos sont publiées en France dans les grands journaux de gauche.

ChineJaponJaponRobert CapajournalismeCe SoirRegards
Anne Mathieu

Ecrit par

Anne Mathieu

Publié le

25 août 2022

et modifié le 6 septembre 2022

Image de couverture

Photos du conflit sino-japonais, Regards, juin 1938 – source : RetroNews-BnF

Tandis que la guerre fait rage entre les armées chinoise et japonaise depuis l’été précédent, le photoreporter Robert Capa quitte le front espagnol et embarque pour la Chine. Ses photos sont publiées en France dans les grands journaux de gauche.

En juillet 1937, une guerre commence à la suite de l'invasion de la partie orientale de la  Chine par l’ Armée impériale japonaise.

Le conflit sino-japonais ouvre un autre front de guerre, sur lequel vont être dépêchés des envoyés spéciaux. L’un d’entre eux est déjà le plus célèbre de tous les photoreporters : Robert Capa. Il quitte le terrain espagnol pour partir à l’autre bout du monde, pour le compte de Regards et Ce soir, mais aussi du magazine américain Life, avec lequel il est « sous contrat […] depuis l’automne 1937 » et des anglais Picture Post et The Illustrated London.

Il s’embarque à Marseille en janvier 1938 « pour aller en Chine avec le documentariste Joris Ivens et l’opérateur John Fernhout, afin de photographier la résistance chinoise à l’invasion japonaise […] ». Il rentrera à Paris en septembre.

La Une de Regards du 5 mai 1938 clame : «  La Chine lutte ! » et annonce « les photos de Capa », indication de la notoriété de ce dernier.

L’article de Bertrand Gauthier annoncé en Une et bénéficiant de l’attrait exercé par le nom de Capa, est à lire sur deux doubles pages intérieures, assorti d’une mention « Reportage photographique de notre envoyé spécial Capa ».

Comme avec Chim, on relève l’appropriation du photoreporter par l’hebdomadaire, une appropriation d’autant plus essentielle que, dès lors, son nom fait vendre. On en a la confirmation dans les publicités dispensées dans d’autres périodiques, telle celle-ci dans le journal socialiste Le Populaire. Qu’y lit-on ? La mise en avant exclusive du reportage photographique de Capa, du caractère inédit de ses photos, ainsi que la mention de ses « reportages sur les fronts d’Espagne ». Une façon de non seulement situer ce nom dans l’esprit du lecteur, qui achètera immédiatement l’hebdomadaire, mais de montrer aussi combien ce dernier est important puisqu’il a su conserver Capa dans ses collaborateurs.

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Parallèlement, on l’a mentionné plus haut, Capa envoie ses photos à Ce soir. Celles-ci sont publiées notamment à une place occupée à maintes reprises antérieurement, la dernière et prestigieuse page du quotidien. Par exemple, le 25 mai, ces photos dont on nous précise qu’elles ont «  été prises le 2 mai » :

Le lendemain, c’est le portrait d’un combattant chinois que Ce soir publie en dernière page, avec une légende au contenu rare, puisqu’il s’agit d’une citation de Capa :

« Dans les moments les plus difficiles de la guerre, nous écrit Capa notre envoyé spécial en Chine, la sérénité bien connue des Chinois subsiste. »

L’exercice sera reproduit dans l’édition du 2 juin.

Le 9 juin 1938, Regards consacre une page aux « photos Robert Capa » lors de la bataille de Taier-Chouang. Un texte de la rédaction explicite la situation de l’armée chinoise, et conclut par ces mots :

« Nous sommes heureux de pouvoir présenter à nos lecteurs des documents uniques que nous recevons de l’intrépide Robert Capa dont nous donnerons prochainement un reportage sensationnel sur cette grande victoire de Taier-Chouang. »

Des mots qui combinent l’expression de la valeur de l’hebdomadaire du fait de la présence de Capa dans ses pages et le caractère vivant et exceptionnel de ses photos. Sans omettre, brossé par l’hebdomadaire avec le terme « intrépide », la mise en place de la figure légendaire du photoreporter de guerre.

Le 23 juin, Regards consacre de nouveau sa Une à la Chine, avec une photo de Capa dont l’universalité est éclatante, comme si des visions des combats de la guerre d’Espagne se transplantaient là-bas. La photographie n’est pas créditée en Une, mais une double page accueillant des «  Visions de guerre en Chine – Photos Robert Capa » permet au lecteur d’en identifier l’auteur.

La capacité de Capa à saisir le mouvement des combattants et donc à être le plus près de ces derniers s’est illustrée depuis le début de la guerre d’Espagne. Cette même capacité se relève dans ses clichés du conflit sino-japonais. Par exemple, le 7 juillet 1938 dans Regards :

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Le 4 août 1938, une double page de Regards montre des photos des inondations en Chine dont certaines sont déjà parues dans Ce soir, le 19 juillet.

L’encadré indique :

« Notre envoyé spécial en Chine, Robert Capa, dont nos lecteurs ont, à de nombreuses occasions, pu apprécier les reportages, vient de nous faire parvenir une série de photos sensationnelles sur cette immense tragédie, qu'il est parvenu à prendre au milieu des pires difficultés. »

On relève de nouveau la mention appuyée de l’appartenance de Capa à Regards, le terme « sensationnel » et l’indication de la « difficulté » à exercer le métier de photoreporter de guerre.

Le 19 août, un fait important se produit : Ce soir publie un reportage dont le « texte et [les] photos » sont de Capa. Lors de nos travaux, nous avions autrefois repéré un article de Capa – non-accompagné de photos – dans le même quotidien, lors de la bataille de Teruel. Cet autre texte atteste de son essai d’une écriture journalistique dans les années trente, à laquelle il s’attèlera plus tard. Il montre, aussi, qu’il jugea utile d’user de la plume à l’appui de ses propres images.

Les derniers clichés de Capa sur le conflit sino-japonais paraissent dans Ce soir, le 26 octobre, en Une et en dernière page. Le photoreporter saisit la fuite des populations civiles devant les bombardements – scènes qu’il a eu l’occasion de prendre en Espagne.

De retour en Espagne, il continuera à affronter les dangers de la guerre pour informer le monde de ce qu’elle est, quel que soit le continent, quel que soit le pays. Mais avec toujours, accompagnant cette volonté d’informer, la nécessité de l’engagement chevillée au corps. C’est aussi cette dimension qu’il a léguée au photoreportage de guerre.

–

Pour en savoir plus :

Laure Beaumont-Maillet, « Robert Capa, une vie de passions », in : Capa connu et inconnu (L. Beaumont-Mailler, Dir.), BnF, 2004

Bernard Lebrun et Michel Lefebvre, Robert Capa. Traces d’une légende, La Martinière, 2011

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Anne Mathieu

Ecrit par

Anne Mathieu

Spécialiste du reportage et des journalistes engagés et/ou militants des années 30, Anne Mathieu travaille aussi sur ces questions jusqu'à la fin du XXe siècle dans une perspective autant discursive que prosopographique. Maîtresse de conférences HDR, elle est responsable du corpus « Journalistes engagés » dans le Maitron. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et mouvement social. Elle dirige la revue Aden et est une collaboratrice régulière du Monde diplomatique. Son dernier ouvrage paru s'intitule Sur les routes du poison nazi. Reporters et reportrices de l'Anschluss à Munich (2024).

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