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Écho de presse

C'était à la une ! 1914, l'agonie de la basilique

La lecture du jour présente un article du journaliste Albert Londres dans lequel le journaliste retrace son arrivée à la cathédrale de Reims et la découverte de son anéantissement en 1914.
ReimsbombardementPremière guerre mondialeAlbert Londrespodcast

Ecrit par

RetroNews

Publié le

8 décembre 2017

et modifié le 8 mars 2023

La lecture du jour présente un article du journaliste Albert Londres dans lequel le journaliste retrace son arrivée à la cathédrale de Reims et la découverte de son anéantissement en 1914.

En partenariat avec "La Fabrique de l'Histoire" sur France Culture

Cette semaine : L'Agonie de la Basilique, par Albert Londres, Le Matin, 29 septembre 1914

Dans les premières semaines de la première guerre mondiale, les Allemands bombardent la cathédrale de Reims, ce qui provoqua un incendie ravageur et d'importantes destructions. Le reporter Albert Londres témoigne avec émotion sur les ruines de la basilique, qu'il parcourt pour le journal Le Matin.

Texte lu par : Laurent Lederer  

Réalisation : Séverine Cassar

 

« L'AGONIE DE LA BASILIQUE

 

Elle est debout, mais pantelante. Nous suivions la même route que le jour où nous la vîmes entière. Nous comptions la distance, guettant le talus d'où elle se montre aux voyageurs, nous avancions, la tête tendue comme à la portière d'un wagon lorsqu'en marche on cherche à reconnaître un visage. Avait-elle conservé le sien ? Nous touchons le talus. On ne la distingue pas. C'est pourtant là que nous étions l'autre fois. Rien. C'est que le temps moins clair ne permet pas au regard de porter aussi loin. Nous la chercherons en avançant.

La voilà derrière une voilette de brume. Serait-elle donc encore ? Les premières maisons de Reims nous la cachent. Nous arrivons au parvis.

Ce n'est plus elle, ce n'est que son apparence.

C'est un soldat que l'on aurait jugé de loin sur sa silhouette toujours haute mais qui, une fois approché, ouvrant sa capote, vous montrerait sa poitrine déchirée.

Les pierres se détachent d'elle. Une maladie la désagrège. Une horrible main l'a écorchée vive.

Les photographies ne vous diront pas son état. Les photographies ne donnent pas le teint du mort. Vous ne pourrez réellement pleurer que devant elle, quand vous y viendrez en pèlerinage. Elle est ouverte. Il n'y a plus de portes. Nous pénétrons en retardant le pas. Nous sommes déjà au milieu de la grande nef quand nous nous apercevons avoir le chapeau sur la tête. L'instinct qui fait qu'on se découvre au seuil de toute église n'a pas parlé. Nous ne rentrions plus dans une église.

Il y a bien encore les voûtes, les piliers, la carcasse, mais les voûtes n'ont plus de toiture et laissent passer le jour par de nombreux petits trous ; les piliers, à cause de la paille salie et brûlée dans laquelle ils finissent, semblent plutôt les poutres d'un relais ; la carcasse, où coula le réseau de plomb des vitraux, n'est plus qu'une muraille souillée où l'on ne s'appuie pas. [...]

Nous prenons l'escalier d'une tour. Les deux premières marches ont sauté. Tout en le montant, notre esprit revoit les blessures extérieures. Nous, devons être au niveau de ce fronton où Jésus mourait avec un regard si magnanime. Le fronton se détache, maintenant, telle une pâte feuilletée et Jésus n'a plus qu'une partie de sa joue gauche. Plus haut est cette balustrade que, dans leur imagination, les artisans du moyen âge ont dû destiner aux anges les plus roses, la balustrade s'en va par colonne, les anges n'oseront plus s'y accouder. [...] Et nous montons sans pouvoir chasser de nous cette impression que nous tournons dans quelque chose qui se fond tout autour.

Nous arrivons à la lumière. Sommes nous chez un plombier ?

Du plomb, du plomb en lingots biscornus. La toiture disparue laisse les voûtes à nu. La cathédrale est un corps ouvert par le chirurgien et dont on surprendrait les secrets.

Nous ne sommes plus sur un monument. Nous marchons dans une ville retournée par le volcan. Sénèque, à Pompéï, n'eut pas plus de difficultés à placer le pied. Les chimères, les arcsboutants, les gargouilles, les colonnades, tout est l'un sur l'autre, mêlé, haché, désespérant. [...]

Nous redescendons. Nous sommes près du chœur. De là, nous regardons la rosace - l'ancienne rosace. Il ne lui reste plus qu'un tiers de ses feux profonds et chauds. Elle créait dans la grande nef une atmosphère de prière et de contrition. Et le secret des verriers est perdu !

En regardant ainsi, nous vimes tomber des gouttes d'eau de la voûte trouée. Il ne pleuvait pas. Nous nous frottons les yeux. Il tombait des gouttes d'eau. C'était probablement d'une pluie récente mais pour nous, ainsi que pour tous ceux qui se seraient trouvés à notre côté, ce n'était pas la pluie : c'était la cathédrale pleurant sur elle-même. [...]
 

Le canon continue de jeter sa foudre dans la ville. Les coups se déchirent plus violemment qu'au début. Que cela peut-il faire maintenant ? La cathédrale de Reims n'est plus qu'une plaie.

Albert Londres »

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