Écho de presse

Août 1918 : la bataille d'Amiens ou le début de la fin de la Grande Guerre

le 10/08/2021 par Marina Bellot
le 07/08/2018 par Marina Bellot - modifié le 10/08/2021
« 8 août 1918 », tableau du peintre australien Will Longstaff - source : WikiCommons

Déclenchée par les Alliés le 8 août 1918, la bataille d'Amiens, première des batailles victorieuses jusqu'à l'armistice, signe le début de la fin de la Première Guerre mondiale. 

 

8 août 1918. La région d’Amiens est plongée dans le brouillard quand, vers 4 heures du matin, les troupes d'assaut françaises, anglaises, canadiennes et australiennes se lancent à l’assaut de l'ennemi, en silence et sans aucun feu d’artillerie. 

L'effet de surprise s'avère payant. À midi, la bataille fait rage de part et d'autre de la Somme et tourne rapidement à l'avantage des Alliés. Prise de court, l'armée allemande est fragilisée : certaines unités en première ligne fuient les combats, d'autres se rendent sans opposer de résistance. Des milliers de soldats sont faits prisonniers, 2 000 pièces d'artillerie sont saisies. 

Quand la nouvelle de cette débâcle parvient au général Ludendorff, chef d'état major général adjoint allemand, il ne peut que reconnaître cette journée du 8 août comme un « jour de deuil de l'armée allemande ». De fait, c’est la plus grande défaite que l’Allemagne ait connu en une seule journée au cours de la Première Guerre mondiale.

En France, cette victoire qui permet de libérer la ville d’Amiens meurtrie après de multiples bombardements allemands, sonne comme un puissant regain d’espoir.

La presse, à l'unisson, relaie cette offensive décisive.

14-18 : Les journaux en guerre

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Le 9 août, le communiqué des Alliés détaille les succès remportés et exprime une confiance nouvelle dans l'issue de la guerre :

« L'attaque anglo-française déclenchée hier matin [...] fut une véritable surprise pour l'ennemi. C'est au point qu'un général de division a été fait prisonnier dans son lit et qu'une division allemande a été surprise en pleine relève. 

Le fait s'explique, d'une part, parce que les troupes d'assaut françaises, canadiennes, australiennes et anglaises furent amenées à pied d’œuvre dans la nuit même, déjouant ainsi les observations des aviateurs ennemis, et que, d'autre part, la préparation d'artillerie, suivant la tactique inaugurée si brillamment par le général Mangin, ne dura que quelques minutes. Enfin, un grand nombre de tanks participèrent à l'action et préparèrent la voie à l'infanterie. [...]

Les premiers résultats de cette journée d'offensive, dont le début réussit trop bien pour n'être pas suivie de brillants lendemains, est de dégager la ville d'Amiens complètement. [...]

Dès maintenant, plusieurs milliers de prisonniers sont tombés entre nos mains. Dans un seul village, nous avons capturé 500 soldats. Un grand nombre de canons ont été également pris. Nous pouvons attendre avec pleine confiance l'issue de la nouvelle bataille en cours. »

Les jours suivants consacrent la supériorité des Alliés : les pertes allemandes culminent à 40 000 soldats tués et 33 000 prisonniers, tandis que les pertes françaises et britanniques cumulées s’élèvent à 46 000 soldats.

Quelques semaines plus tôt, la bataille de Château-Thierry avait déjà marqué un tournant décisif dans la guerre en mettant fin aux espoirs des Allemands de marcher sur Paris. La victoire d'Amiens signe définitivement « la chute du plan allemand », comme l'expose un général français – en anonyme – dans les pages du Petit Journal :

« Ainsi placées dans le cadre général du front d'Occident, nos attaques du 18 juillet et du 8 août apparaissent comme les phases d'une seule et même grande opération, concourant victorieusement à un même but : la chute du plan allemand, de ce plan poursuivi depuis mars par Hindenburg, avec le "nach Paris"  comme directive suprême. »

La bataille d’Amiens consacre aussi la progression des méthodes des Alliés et l’évolution, au cours de la guerre, de leurs procédés d’attaque. 

Ainsi, les chars d’assaut, massivement utilisés, sont considérés comme les indéniables « béliers de la victoire » :

« Pour le combattant de 1918, les procédés d'attaque de 1917 paraissent déjà vieux d'un siècle. La préparation d'artillerie de l'offensive française du 16 avril 1917 avait duré neuf jours. La surprise avait été exclue de nos offensives de l'année précédente, elle est à la base de nos récentes victoires.

Prodigieux renversement de méthodes. À quoi est-il attribuable ? Uniquement à l'action en masse des tanks.

Le vrai vainqueur de la célèbre contre-offensive du 18 juillet, de Soissons à Château-Thierry, est le petit tank français. Les vrais vainqueurs des récentes batailles d'Amiens et de Montdidier sont les tanks franco-anglais. Les Allemands l'avouent dans leurs journaux. »

La bataille d'Amiens est le début d'une série de victoires que l'on baptisera après-coup « l'offensive des Cent-Jours ». Celle-ci mènera à la défaite définitive de l'armée allemande et à l'armistice du 11 novembre 1918.