Écho de presse

« L'arrière » : lieu idéalisé et envié par les hommes du front

le par

Aux Dardanelles, soldats dormant dans une tranchée, 1915, Agence Rol - source : Gallica-BnF

Depuis leurs tranchées, les Poilus rêvent à la vie loin du front. Au fil du conflit, « l’arrière » devient un « ailleurs » fantasmé et parfois honni, qu'ils ne cessent d'évoquer dans leurs journaux.

Dans le jargon militaire, « l’arrière » désigne tout l’espace qui se trouve à l’arrière du front et qui, dans un contexte de guerre totale, englobe les combattants qui ne sont pas en première ligne mais aussi tous ceux qui ne combattent pas et qui, pourtant, voient leurs destinée irrémédiablement bouleversée par le conflit – comme les femmes qui remplacent les hommes dans les usines ou dans les champs. 

Pour les soldats, l’arrière devient très vite un « ailleurs » fantasmé, à mille lieues de leur morne et violente réalité quotidienne sur le front.

Depuis leurs sombres tranchées, les Poilus s’adressent régulièrement, dans leurs journaux, à « ceux de l’arrière ». 

L'une des figures récurrentes est « l’embusqué» , celui qui ne participe pas aux combats de première ligne, et qui est bien sûr honni par les soldats. 

Dans La Bourguignotte, en février 1916, la chronique de « G. Michel » témoigne parfaitement de la rancoeur des Poilus à l’égard de ceux qu'il nomme les « invertébrés » :

« Tout a été dit, semble-t-il, sur cette catégorie de vertébrés du sexe masculin et encore ! Car est-il absolument certain qu’ils en aient.... des vertèbres ?

Néanmoins à vous comme à moi il a été sûrement donné de rencontrer en permission un ou plusieurs échantillons de cet ingrédient aussi hétéroclite que le contenu d’une feuillée (ne leur demandez pas ce que veut dire ce mot, il n’est pas sûr qu ils pourraient vous répondre). 

Signe particulier : l’embusqué sait mieux que personne, mieux ...

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