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Écho de presse

11 novembre 1918 : l'Armistice, de la liesse à la désillusion

Le 11 novembre 1918, l'armistice met fin aux combats de la Grande Guerre : la presse française célèbre ce « jour de gloire » avec effusion. Mais, très vite, la joie de la victoire laisse un goût amer aux Français.

Première guerre mondialearmisticetranchéesTraité de Versailles
Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Publié le

7 novembre 2018

et modifié le 10 novembre 2022

Image de couverture

La foule en liesse sur les Grands boulevards le jour de l'armistice du 11 novembre 1918, Agence Rol - source : Gallica-BnF

Le 11 novembre 1918, l'armistice met fin aux combats de la Grande Guerre : la presse française célèbre ce « jour de gloire » avec effusion. Mais, très vite, la joie de la victoire laisse un goût amer aux Français.

Après quatre années d’une guerre aux conséquences sans commune mesure dans l’Histoire, les plénipotentiaires allemands signent à Rethondes les conditions de la paix.

La presse française, qui voyait se rapprocher depuis plusieurs semaines l'issue du conflit, annonce en Une la fin de la Première Guerre mondiale. Dans les journaux de tous bords, c’est la joie, l’immense soulagement et la reconnaissance aux soldats français qui s’expriment à l’unisson.

« Le jour de gloire », titre Le Petit Parisien, qui expose les conditions de l'armistice : 

«​ I) Cessation des hostilités, sur terre et dans les airs, six heures après la signature de l'armistice.

II) Évacuation immédiate des pays envahis [...] dans un délai de quinze jours à dater de la signature de l'armistice. […]

IV) Abandon par les armées allemandes du matériel de guerre en bon état. […]

V) Évacuation des pays de la rive gauche du Rhin par les armées allemandes.  […]

VI) Dans tous les territoires évacués par l'ennemi, toute évacuation des habitants sera interdite ; il ne sera apporté aucun dommage ou préjudice à la personne ou à la propriété des habitants. Personne ne sera poursuivi pour délit de participation à des mesures de guerre antérieures à la signature de l'armistice. Il ne sera fait aucune destruction d'aucune sorte. […]

VII) […] Il sera livré aux puissances associées : 5 000 machines montées et 150 000 wagons en bon état de roulement […] et 5 000 camions automobiles en bon état. […]

X) Rapatriement immédiat, sans réciprocité, dans des conditions de détail à régler, de tous les prisonniers de guerre, y compris les prévenus et les condamnés, des Alliés et des États-Unis. […] Le rapatriement des prisonniers de guerre allemands sera réglé à la conclusion des préliminaires de paix. »

« L'armistice est signée, vive la République ! »  titre de son côté le quotidien de centre-gauche Le Radical, qui se souvient du « moment où parvint à Paris l'ordre de la mobilisation générale », cinquante et un mois plus tôt.

«​ Que de deuils, que de sacrifices, que de douleurs. Mais pas un instant, ni à Paris, ni en province, le moral n'a faibli, le doute ne s'est élevé dans les cœurs – même dans les jours les plus sombres, les plus terribles, les plus menacants.

Et aujourd'hui, c'est la fin du cauchemar, c'est la victoire aux ailes embrasées posant ses couronnes de laurier sur le front des glorieux fils de France et des nations alliées. La population de Paris sait ce quelle doit aux uns et aux autres. »

L’ennemi est « à plat ventre », se réjouit le journal d'inspiration socialiste L'Œuvre, dans un texte aux accents lyriques :

« C'est une énorme et monstrueuse force physique ou mécanique, qu'une force contraire annihile ; c'est un tank colossal qui se fracasse contre un roc.

Mais rien de plus ; dans le tank il n'y a personne : pas une âme, pas un homme.

Ces soixante millions de soudards ou de laquais n'ont pas un cri d'indignation, un sursaut de fierté, pas un mot qui nous laisse supposer que quelques-uns d'entre eux peuvent avoir encore une notion, si vague et si molle qu'elle soit, du sentiment de l'honneur. »

« C'est le triomphe de l'humanité et l'une des journées les plus émouvantes que l'humanité civilisée ait jamais vécues », commente pour sa part le quotidien de centre-droit Le Matin qui adresse un vibrant hommage aux soldats des nations alliées :

«​ Gloire à ces soldats, qui, parmi les plus cruelles angoisses, alors que l'ennemi couvrait de ses armées une partie de l'Europe, n'ont jamais désespéré.

Gloire a tous à ceux des Dardanelles, à ceux de l'Europe lointaine, à ceux qui en six semaines passèrent de la mer Egée au Danube, à ceux surtout qui, durant plus de quatre ans, versèrent leur sang généreux aux terres de France, de Belgique et d'Italie, puis, en trois mois, dans une bataille de géants, terrassèrent enfin leur formidable adversaire.

Gloire à tous les chefs, et au-dessus gloire à ce grand capitaine dont le nom portera dans l'immortalité l'auréole la plus pure.

Gloire et reconnaissance éternelle au maréchal Foch. »​

Au lendemain de l’armistice, c'est aussi le retour de l'Alsace-Lorraine dans le giron de la France qui est célébré avec un enthousiasme populaire, tant cet événement revêt une importance symbolique majeure pour les Français qui ont encore en mémoire la défaite de Sedan en 1870 [voir notre article].

Pourtant, cette immense liesse populaire cède rapidement la place à un autre sentiment. Un an jour pour jour après la fin des combats, le goût de triomphe s'est mué en amertume, tant la reconstruction du pays s'avère un défi colossal, comme le note notamment L'Ouest-Éclair le 11 novembre 1919.

« Nous avons tant, tant à faire ! Nous avons à reconstituer et à reconstruire, nous avons à rétablir notre vie publique, nous avons à régler les rapports du Capital et du Travail.

Cette tâche immense et nécessaire, nous aspirons à l'accomplir dans le calme des passions apaisées, en restant longtemps encore, longtemps sinon toujours peut-être dans le sillage de l'union sacrée. 

De quelque coté qu’on porte ses regards, on ne voit que malaise, mécontentement, difficultés, troubles et luttes. L’Europe est en proie à une fièvre aiguë qui l’agite et l'accable. »

Au cours des années 1920, dessins et textes satiriques fleuriront régulièrement dans la presse pour exprimer cette désillusion. Dans Le Journal amusant du 11 novembre 1922, sous couvert d'humour le rédacteur révèle un point particulièrement sensible : la difficulté à obtenir de l'Allemagne les réparations promises par le traîté de Versailles.

« Voilà : dès que je suis convenablement pochard, je me dis : “Ça est l'anniversaire d'un jour de bonheur !” Et je me mets dans l'atmosphère de ce jour de bonheur telle que nous la respirions il y a quatre ans.

Et alors, mon ami, ça est divin... Je revois nos troupes qui reviennent victorieuses, je revois les boches qui s'en vont comme un gentil troupeau de compagnons de saint Antoine. Je me dis : “Ah ! quel bonheur ! La guerre est finie, nous allons de nouveau être heureux !”

– Et le lendemain ?

– Le lendemain, j'apprends que M. Guillaume II écrit des livres et se marie, et que les boches ne remboursent rien du tout ! Alors, je me réveille en sursaut et je me remets en guerre !

– En guerre ?

– Oui, contre l'armée des fournisseurs et la réserve des receveurs de contributions... Et je me bats jusqu’au prochain anniversaire ! Ça est la vie maintenant : se battre et fêter des anniversaires !” »

–

Pour en savoir plus : 

Pourquoi l'armistice de 1918 n'a pas vraiment mis fin à la guerre, à lire sur le site de France TV  

Georges-Henri Soutou, 1918, la fin de la Première Guerre mondiale ? paru en 2008 dans la Revue historique des armées, en open edition

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Première guerre mondialearmisticetranchéesTraité de Versailles
Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.

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