Écho de presse

Albert Léo Schlageter, création d’un martyr national-socialiste

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L’exécution d’Albert Leo Schlageter par l'armée française, gravure, circa 1923 - source : Library of Congress

Exécuté pour espionnage et sabotage par les troupes d’occupation françaises dans la Ruhr en 1923, Schlageter devient dans l’entre-deux-guerres un héros pour de nombreux Allemands – et notamment, les militants nazis.

L’orateur n’est pas encore très connu de la presse française, au point que Le Journal écorche son nom. Ce mois de juin 1923, une grande manifestation « patriotique » a lieu à Munich en l’honneur d’Albert Leo Schlageter, exécuté par les troupes françaises qui occupent la Ruhr depuis six mois. Dix mille personnes sont présentes, parmi lesquelles Ludendorff, général en chef des armées allemandes pendant la Première Guerre mondiale :

« L’orateur principal, Hittler [sic], qui flétrit avec indignation ceux qui avaient livré Schlageter, dit que le peuple allemand ne méritait pas d’avoir un héros comme lui. [...]

Des souscriptions sont ouvertes partout pour élever un monument en l’honneur de Schlageter. »

Ernst Hanfstaengl, l’un des premiers soutiens de celui qui dirige le parti nazi depuis deux ans, affirme dans ses mémoires qu’il aurait convaincu le futur dictateur de l’importance de ce Schlageter, en lui disant qu’il faudrait faire défiler son cercueil dans toute l’Allemagne, comme les Américains l’avaient fait pour Lincoln.

Dans les premières pages de son Mein Kampf, Hitler compare pour sa part Schlageter à Johannes Palm, un libraire exécuté en 1806 par les troupes napoléoniennes à Braunau am Inn, sa propre ville natale.

Ce martyr que se choisissent les nazis est un officier catholique de vingt-huit ans qui, à la fin de la guerre, a rejoint les corps francs puis l’organisation Heinz, une police secrète avec laquelle il mène des actions d’espionnage et des attaques à l’explosif pour empêcher des livraisons de charbon vers la France. Dénoncé, il est emprisonné puis condamné à mort par le conseil de guerre de Düsseldorf. « Si j’étais s...

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