Écho de presse

1938, la « Mata-Hari de Koursk » face à ses juges : la cantatrice espionnait pour l’URSS

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L'ex-cantatrice tsariste Nadejda Vinnikova, dite la Plevitskaïa, peinte par Philippe Maliavin, 1924 - source : WikiCommons

Plus grande cantatrice de la Russie tsariste, la Plevitskaïa s’est exilée à Paris après la Révolution bolchévique. Désargentée, elle accepte d’espionner pour les Soviétiques. En 1938, son procès fait fantasmer une presse avide d’une nouvelle « Mata-Hari ».

Espionnage, célébrité, séduction, Russie lointaine. En ce début décembre 1938, les journaux français n’en finissent plus de narrer une histoire « digne d’un roman ». Sur le banc des accusés de la Cour d’assises de la Seine, « la Plevitskaïa » – ou « Plevitzkaïa » –, la plus célèbre chanteuse de la fin de l’époque tsariste.

L’occasion est trop belle de raviver une histoire qui avait passionné la France. La Plevitskaïa devient vite la nouvelle « Mata-Hari », comme le relate Le Journal, le 7 décembre 1938.

« Droite et haute sur son banc, la tête légèrement rejetée en arrière, ce qui ne laisse pas de lui donner une grâce assez impérieuse, Mme Skobline commence à suivre cette deuxième audience, qui va se révéler si pathétique, avec une totale indifférence, ou, pour mieux dire, cette sorte de fatalisme qui laisse parfois les Slaves insensibles aux plus dures épreuves.

Les beaux yeux de la Plavitzkaïa regardent vaguement dans le vide.

Ainsi, il y a vingt ans apparaissait, aussi lointaine, aussi apathique, une autre accusée, comme elle étrangère et comme elle artiste : Mata-Hari. »

Paysanne illettrée, Nadejda Vinnikova de son vrai nom, a, par la chanson, gravi les échelons de la Russie impériale. Après des duos avec Rachmaninov, elle finit par chanter pour le tsar en 1910 – affichant même une proximité qui fera jaser la haute société tsariste.

Mais la Révolution soviétique de 1917 a bouleversé son destin. Finies les réceptions mondaines, oubliés les triomphes dans des salles combles. La richissime chanteuse a dû prendre le chemin de l’exil avec son troisième mari, le...

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