Écho de presse

Pyrénées, 1939 : le drame des camps d'internement des réfugiés espagnols

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Entraînement sportif de soldats des Brigades internationales au camp d'internement de Gurs, 1939 - source : WikiCommons

Après la victoire de Franco début 1939, environ 450 000 Républicains franchissent les Pyrénées. Traités en France comme des « indésirables », beaucoup sont internés dans des conditions dénoncées par la presse de gauche.

Février 1939. C'est dans une France au bord de la guerre, marquée par une situation économique tendue, effrayée par la « menace rouge » et en proie aux pires réflexes xénophobes que quelque 450 000 réfugiés républicains franchissent les Pyrénées pour fuir la répression impitoyable des Phalangistes. Leur exode – qu'on appellera la « Retirada » – fait suite à la victoire de Franco lors de la guerre d'Espagne, qui a déchiré le pays pendant trois ans.

 

Le journal local Le Petit Marseillais parle par exemple le 7 février d'une « horde en guenilles » qui vient de franchir les Pyrénées.

« Le spectacle qui se déroule à la frontière et que l’on peut examiner le long des routes défie l’imagination la plus extravagante. Vision dantesque, c’est une expression d'une banalité navrante pour résumer l’hallucinante vision de ce qui n’est pas une exode, mais qui prend l’allure d'une véritable invasion par une horde déguenillée.

 

Invasion pacifique peut-être jusqu'ici en apparence, mais qui risque de devenir menaçante si la frontière reste ainsi ouverte, car le gros de l’armée républicaine ne s’est pas encore présenté. »

Dans le quotidien nationaliste L'Action française du 18 février, le polémiste Léon Daudet crie à l'invasion barbare :

« Nous l'avions annoncé. Nous l'avions écrit ici. Ce fut, et c'est encore, la pagaille la plus complète, la plus honteuse, la plus dangereuse, tant au point de vue des épidémies, que des contacts avec une population française non prévenue, non avertie, non protégée, et qui crut voir arriver les barbares.

 

Les détails navrants, quelques-uns atroces, ont afflué. Des voleurs de joyaux et d'objets religieux espagnols, ont été arrêtés. D'autres, ténébreusement protégés, ont gagné la région de Paris, où ils essaieront de jeter le trouble. »

La France gouvernée par Daladier, totalement impréparée à recevoir cet afflux massif de réfugiés, décide d'accorder refuge aux persécutés, mais va appliquer le décret-loi du 12 novembre 1938 prévoyant l'internement dans des « centres spéciaux » des étrangers Â...

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