Écho de presse

Les petits brigadistes : engagements et fugues d’adolescents vers la guerre d’Espagne

le par

Jeunes miliciens à l'arrière des barricades, Le Petit Journal, 1936 - source : RetroNews-BnF

Au début de la guerre civile, la presse relaie les diverses arrivées (et exploits militaires) d’adolescents, garçons et filles, venus gonfler les rangs des Brigades internationales. L’opinion s’émeut de ces enfants « trompés ».

Au commencement de la guerre civile espagnole, la jeunesse des combattants, notamment du côté républicain, fascine les observateurs étrangers. Ils y trouvent également matière pour représenter le conflit par des contrastes simples.

À l’évidence, ces « gosses » incarnent à merveille le topique d’une jeune Espagne antifasciste aux prises avec la vieille Espagne conservatrice : « Que j'en ai vu de ces petits Bara, de ces petites Viala, de ces petits héros, anonymes guérilleros, de 12 ou 13 ans qui lèvent le poing comme de vieux militants et qui meurent comme des hommes » ! Louis Aragon célèbre alors cette « Espagne en armes [qui] a mis sa jeunesse dans la grande lumière des combats ».

On s’ébahit de l’omniprésence de ces petits soldats, de cette guerre de jeunes :

« Un quart ou un tiers de la troupe est composé de jeunes filles ou de jeunes femmes. La moitié seulement porte un fusil. Quelques-uns, parmi les autres, un revolver.

La plupart vont la tête nue. Quelques casques de guerre tranchent d'une façon bizarre et cruelle sur toutes ces chevelures frisées ou lustrées. Sur les trottoirs, une foule de fête regarde et s'amuse, comme s'il s'agissait de l'équipement d'un jour de mi-carême. La rue tout entière pépie d'ailleurs comme une volière.

Tout ce petit monde, divisé en quatre sections d'une cinquantaine de combattants chacune, paraît fort joyeux. Un camion de brasserie arrive, plein à rebord de nouveaux volontaires-enfants. Mille cris les accueillent. Ils sautent du camion.

Surprise ! ces enfants sont presque tous des filles. »

Alors, naturellement on les photographie, sous des poses viriles ou pathétiques tandis que Le Populaire s’émeut de ses « Gavroches espagnols tombés comme des braves ».

Naturellement, on en profite aussi pour sermonner avec condescendance le gouvernement républicain espagnol qui « averti, fera sans doute quelque chose pour eux. La solution radicale serait de leur interdire le courage. Jacobins d'Espagne, ne laissez plus les enfants jouer avec la mort ! ».

À Paris, les députés conservateurs pointent du doigt leurs homologues espagnols, jugés responsables de cette « anarchie » ayant rendu possible le fait de de donner un fusil à « tout Espagnol de quinze ans qui en a exprimé le désir ». D’ailleurs, ne surnomme-t-on pas Madrid « La vil...

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