Écho de presse

Après le Débarquement, la presse française toujours aux mains de l'Occupant

le par

Une du Petit Parisien relatant « l'opposition farouche » de l'armée allemande en Normandie, 10 juin 1944 - source : RetroNews-BnF

Tandis que les Alliés ont débarqué sur les côtes françaises le 6 juin 1944, la presse hexagonale couvre la bataille de Normandie, qui signera la libération de la France. Mais la presse, elle, n’est pas encore libérée – à travers ses récits la propagande nazie bat son plein.

7 juin 1944. Le jour d’après le « D-Day », celui qui a vu plus de 150 000 soldats américains, canadiens et britanniques débarquer en Normandie pour une vaste opération visant à reprendre le nord-ouest de l’Europe aux Allemands. Ce nouveau front ouvert par les Alliés doit définitivement mettre fin à l’occupation de l’Allemagne nazie : il s’agit de « Libération » de la France.

Mais la presse française, elle, n’est pas encore libérée et loin de voir arriver des sauveurs, c’est « l’ennemi » qu’elle observe « attaquer » le territoire comme en atteste la couverture du Petit Marseillais le 7 juin 1944 :

« Cette nuit l’ennemi a commencé sur l’Ouest de l’Europe son attaque préparée depuis longtemps et à laquelle nous nous attendions.

Après de violentes attaques aériennes sur nos fortifications frontières, il a parachuté en plusieurs endroits des côtes du Nord de la France, entre le Havre et Cherbourg, des troupes aéroportées et a débarqué en même temps par mer, avec l’appui de puissantes forces navales. Des combats acharnés sont en cours dans la zone côtière attaquée. »

Attaque, contre-attaque. La presse française relaie avec complaisance la riposte allemande, jugée « violente et efficace » et qui infligerait de « lourdes pertes à l’assaillant » comme on peut le lire dans Le Progrès de la Côte d’or le 9 juin 1944. Le journal publie par ailleurs un long communiqué allemand depuis le « grand quartier général du Führer » qui s’étale sur plus de la moitié de sa Une et débute ainsi :

« En Normandie, l’ennemi a tenté de renforcer ses têtes de pont, mais il n’y a pas eu de nouvelles tentatives de débarquement.

A l’est de l'embouchure de l’Orne, l’ennemi a été resserré sur un étroit espace et écarté de la côte. De sa tête de pont entre Caen et Bayeux, l’ennemi est passé à  l’attaque en direction sud-ouest. En même temps a commencé la contre-attaque de nos réserves amenées sur place.

Un violent combat est actuellement en cours dans la région de Bayeux. Partout dans la tête de pont ennemie nos points d'appui se maintiennent en une défense inébranlable. »

« Assaillants », « invasion », la presse aux mains de l'Occupant continue de porter un regard hostile sur la percée anglo-américaine, à l’instar du Petit Parisien du 10 juin 1944. « Les Allema...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.